Tout commence par un simple quiproquo. Alors que Jeffrey «The Dude» Lebowski entre tranquillement chez lui, deux malfrats le molestent pour lui foutre la tête dans les chiottes et pisser sur son tapis. Notre héros se rend vite compte qu’il y avait erreur sur la personne et qu’il y a un autre Jeffrey Lebowski à Los Angeles. The Dude va alors rencontrer son homonyme pour demander réparation pour son tapis adoré qui s’harmonisait parfaitement avec la pièce. De cette situation rocambolesque, le malheureux se retrouve embarqué dans une aventure dont il se serait bien passé.


The Dude, c’est le pote que tout le monde aimerait avoir à ses côtés. Plus zen que lui, tu meurs. Prenant la vie du bon côté, celle-ci se résume à boire, fumer et jouer au bowling avec ses deux amis, Walter et Donny. Le premier est un vétéran du Viêtnam, un colérique dépassant le quintal et persuadé d’être toujours dans son bon droit. Le second est être fragile, naïf, timide et se faisant toujours rabrouer par Walter. Tout oppose nos trois compères qui forment l’une des plus étranges amitiés du cinéma. Jeffrey Bridges est the Dude, le prophète de cette fin du XXe siècle. John Goodman, avec sa coupe en brosse, ses lunettes teintées et son gilet de pêcheur est l’archétype du beauf américain dans rôle de Walter. Sa vision raciste, individualiste et nationaliste collent parfaitement avec l’apparence physique tout comme sa vulgarité. Steve Buscemi, qui interprète Donny, complète le trio. Peu loquace, toujours à côté de la plaque, sa présence passe inaperçue et presque chacune de ses interventions se retrouve stoppée par les tonitruants «Shut the fuck up Donny!» de Walter.


Les frères Coen signent avec The Big Lebowski une superbe comédie. Possédant certainement une sorte de recette magique du chef d’œuvre, Joel et Ethan ont donné à leur héros une personnalité et une apparence à la fois charismatique et pathétique qui ne sera jamais égalée au cinéma. En s’inspirant de leur entourage pour construire les personnages du film, les deux frangins nous livrent une œuvre à la sauce Coen, haute en couleur.


La sortie de The Big Lebowski au cinéma a clairement été un flop. Il finit honteusement en dehors du top 50 de l’année 1998 aux Etats-Unis et en France, loin derrière des films tels que Dr. Dolittle, Deep Impact, Godzilla ou Waterboy. Des années plus tard, Jeff Bridges raconta avoir été extrêmement déçu par le résultat au box-office de ce film dont il pressentait l’énorme potentiel.


Une religion a même été fondée sur les principes du Dude par un journaliste de Los Angeles. The Church of the Latter-Day Dude, tel est le nom de ce futur ordre mondial. Imaginez un peu les extrémistes de cette religion. On les appellerait les Dudéistes. Ils porteraient de longs peignoirs, se laisseraient pousser les cheveux et la barbes et déambuleraient toute la journée avec un verre de russe blanc à la main ou iraient jouer au bowling. Le monde serait tellement plus cool ! Si voulez rejoindre les 250 000 prêtres, il vous suffit de remplir le formulaire suivant http://dudeism.com/ordination-form/.

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le 30 oct. 2015

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Vincent Ruozzi

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