Glandeurs de tous pays, Le Dude est votre plus digne représentant !
Et comme en plus il crèche à L.A. USA - nation du work-addict - on en savoure encore plus le décalage. Jeffrey Lebowski donc - magistralement incarné par un placide Jeff Bridges - préfère qu'on l'appelle "Le Dude" parce que quand même, ça en impose un peu plus lorsque tu te pointes en bermuda et gilet dégueulasse avant que l'américain moyen ne te demande ton emploi que tu n'as pas... C'est pas qu'il ne sert à rien le Dude, c'est juste qu'il aime à se la couler douce ; "à se la couler douce en notre nom à tous" comme philosophera le cow-boy moustachu au cours d'une ultime tirade en tout point rafraîchissante. Et puis en plus, il joue au bowling et fait du yoga sur son tapis, le Dude. Il sait que c'est important de faire de l'exercice le gars.
Nan, parce que si le Dude s'avère être le duc des tire-au-flanc fumeurs de spliffs et buveurs de "russes blancs", il n'en demeure pas moins un type ouvert d'esprit. La preuve étant son meilleur ami Walter, son opposé philosophique (John Goodman), mastodonte néo-juif un poil réac et soupe au lait, ancien du Vietnam et à la coupe en brosse tellement sûr de son fait qu'il n'arrêtera pas de foutre la merde dans les nouvelles "affaires" de son pote. Ce mec est à bout. Mais ce mec est à mourir de rire. Une bien belle amitié les liera en tout cas. Ah, et j'allais l'oublier : Donnie (Steve Buscemi). C'est le troisième larron. Mais tout le monde s'en fout ! ^^
Le truc, c'est qu'un jour on vient pisser sur son tapis et lui foutre sa gueule dans ses chiottes au Dude. Sauf que c'est pas à lui qu'on en voulait apparemment, mais à son homonyme handicapé-moteur et milliardaire. Le Dude veut donc se faire rembourser son tapis auprès de ce dernier, qui décide finalement de l'engager à 20.000$ pour échanger une rançon d'1 million contre sa petite pouf qui viendrait de se faire kidnapper... Le Dude, insouciant et bien sûr en manque de liquidités, ne se fait pas prier ; mais évidemment le coup foire, et le libertaire pacifiste se retrouve embarqué dans une sacrée galère au volant de sa superbe déca... euh, tacot pas potable.
Une galère émaillée de seconds rôles plus ou moins très drôles, avec entre autres : un attaché au laborieux milliardaire malicieusement sarcastique (Philipp Seymour Hoffman), un pédophile champion de bowling à la dégaine et au look cultissimes (John Turturro), une artiste-peintre (Julianne Moore) en quête du parfait père absent secondée par un ami au rire de fouine, des nihilistes ex-artistes new-wave à belette, un voisin lui aussi artiste mais un peu moins quand même et, enfin, un ex-pornographe qui ne semble pas avoir totalement décroché (coup du "faux numéro" à pleurer de rire). Avec en guest-star : Saddam Hussein ! ^^
Le couac, c'est que je n'ai pas autant ri qu'à mon bon souvenir lors de ce dernier visionnage... La première moitié du film se révélant finalement assez avare en gags, avec seulement quelques bons personnages et dialogues ne parvenant pas totalement à transcender un scénario d'abord brouillon - même si son dénouement se révèlera relativement brillant. Mais heureusement, après une première envolée visuelle coup de poing au-dessus d'un "L.A. by night", et autour d'une seconde en mode good trip / bad trip - elle aussi à l'insu du plein gré de ce cher Dude - quelques situations comme celle du cale-porte fonctionneront vraiment très bien. Mais, je le répète, ce sont avant tout les personnages et leurs interactions imaginés par les frères Coen, qui selon moi permettent à The Big Lebowski d'atteindre son statut actuel de comédie culte. Et à juste titre.
Parce que nous aussi on s'en paye une belle tranche, cowboy. ;)