Big Lebowski est le genre de film qui met immanquablement de bonne humeur, c'est pourquoi il est très bien placé dans mon "Top des films qui rendent heureux", c'est un de mes films de chevet, je le vois en DVD très souvent sans me lasser, en VO ou en VF qui est de qualité (même si la traduction de Dude en Duc n'est pas la même, Dude = tocard) ; pas plus tard qu'hier soir, j'ai donc remis ça.
Les frères Coen repartent dans l'une de ces histoires marécageuses et en zigzag dont ils ont le secret, en suivant les traces épaisses de 3 types à la ramasse et heureux de l'être qui passent leur temps à jouer au bowling.
Cette variation contemporaine d'un récit à la Raymond Chandler menée par un glandeur professionnel est une véritable bouffée d'oxygène dans le paysage hollywoodien de la fin des années 90. Un film décalé, ludique, complètement délirant, l'un des plus fous des Coen, avec d'excellents dialogues et des acteurs déchaînés, où les frérots détournent de grands thèmes sous l'angle parodique, avec leur humour si particulier.
C'est une histoire complètement louf, truffée de trouvailles, de références, de clins d'oeil et de scènes savoureuses où se mêlent thriller et comédie, sans gags à proprement parler, mais des situations qui dérapent et qui indirectement font sourire. Et ça commence très fort dès le début avec la scène hilarante où Dude se fait tabasser par 2 mecs dont l'un pisse sur son tapis (Where is the money Lebowski ?).
Le film ne serait rien sans ce duo d'acteurs qui semblent habiter leurs rôles (celui de Buscemi étant plus en retrait) : Jeff Bridges en Dude sirotant ses Russes blancs, avec son gilet, ses shorts à carreaux, son gros bide et sa coolitude, cette allure en elle-même est extra et accentue l'irrésistible drôlerie du personnage. Et Walter Sobchak incarné par un John Goodman complètement allumé, je crois qu'il n'a jamais été aussi bon que dans ce mélange de personnage tragi-comique... toutes les scènes de bowling imprègnent les relations d'amitié chaotiques mais sincères de ces 2 crétins magnifiques.
Les autres acteurs apportent chacun quelque chose et enrichissent le film, même si tout tourne autour du duo Dude-Walter : le nihiliste Peter Stormare, le secrétaire timoré joué par l'excellent Philip Seymour Hoffman, la peintre avant-gardiste et déjantée Julianne Moore, le milliardaire pathétique David Huddleston, le caïd vicieux Ben Gazzara, l'absent et passif Donny joué par Steve Buscemi, l'apparition surréaliste de John Turturro en joueur de bowling provoc, ou encore Sam Elliott en look cowboy, un personnage très secondaire qui est en fait le narrateur de l'histoire... Les Coen signent un film jubilatoire qui est un vrai remède contre la morosité, et dont certaines scènes marquent plus que d'autres (le sac de slips sales de Walter, la casse à coups de batte, les cendres de Donny, ou celle du début avec le tapis...). A consommer sans modération !