Road to Nowhere!
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le 20 juin 2024
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The Bikeriders, alors je peux pas dire que j’étais pas motivé par le projet ! Même si je suis loin d’être un gros fan de Jeff Nichols, ayant trouvé Mud pas mal, et ses films suivants sans (aucun) intérêt, surtout le Take Shelter qui avait plutôt eu bonne presse et que j’avais trouvé sympa comme un cocktail avec de l’eau plate. Bref, faisant foin de sa filmo passée grâce, essentiellement, à une mémoire défaillante nourrissant une bienheureuse magnanimité, j’étais donc vaguement intrigué à l’idée d’un tel projet !
Bon. Alors. OK, je m’attendais à être déçu et je m’attendais à trouver ça naze, mais je m’attendais quand même pas à me faire autant chier. Passée la joie de retrouver Tom Hardy qui en fait des caisses pour pas un rond en tirant la goule avec un accent rigolo, il ne se passe strictement rien d’intéressant. Le problème d’un film qui est raconté par un personnage horripilant (Jodie Comer, pas aussi à l’aise dans le cabotinage jemenfoutiste que cette grosse patate de Tom Hardy) et qui ne traite strictement jamais son, ou ses, sujets.
Qu’est ce que c’est qu’un club de motards ? Pourquoi la moto fascine-t-elle autant ces mecs ? Qu'est ce que c'est l’ivresse de la vitesse ? Qu’est ce que ça fait que de porter des couleurs et de rouler en meute ? Qu'est ce que ces types ont en commun ? Tout ça, Jeff Nichols s’en tape, je ne sais pas si c’est parce qu’il s’en fout et qu’il pense que son propos est ailleurs, ou si c’est parce qu’il est incapable d’affronter ça d’un point de vue cinématographique, le fait est que tout est vaguement survolé et que, rapidement, on a la sensation que le film aurait dû s’appeler « The Picnickers ».
Au cours des 3h20 que durent ces Bikeriders, le film nous invite pourtant à jeter un œil à ce qu’il aurait pu traiter. Ainsi, la différence entre les bikers du midwest et les bikers californiens, l’arrivée des vétérans du vietnam, l'évolution vers la criminalité, tout ça aurait mérité plus que 3 vignettes accompagnées d’une voix off lapidaire. On peut aussi considérer que l’idée de faire du photographe un protagoniste était plutôt chouette, et ça aurait pu être intéressant de voir l’évolution du club à travers ses yeux mais que nenni, le personnage est juste une silhouette ne servant qu’à justifier la présence de la voix off de la meuf. Qui raconte le film. Sans rien dire d'intéressant et sans jamais dépasser les évidences.
Après, c’est plutôt joliment filmé, sans passion bien sûr, mais avec une certaine élégance (totalement vaine), mais c’est par contre interprété globalement au petit bonheur la chance, Tom Hardy semble n'écouter que lui et fait ce qu’il veut, comme il veut, en se foutant du reste. On dira que Jodie Comer a raté son coup et Austin Butler joue son personnage constamment comme s’il était en session photo pour Vogue. On lui en voudra pas plus que ça étant donné qu’un perso secondaire comme Cockroach est, en 3 phrases, mieux développé que le sien.
En gros, The Bikeriders est à la moto ce que le diptyque de Dune de Villeneuve est à la SF et le résultat soulève finalement la même question : Pourquoi diable vouloir faire un film sur un sujet dont, visiblement, t’as rien à foutre ? Einh ? Pourquoi purée ?!
Quand on a rien à dire et qu’on sait pas trop comment le dire, on finit donc par pondre une merde prétentieuse qui n’aligne que les poncifs désastreux et les renoncements esthétiques dans une salade ridicule…
Reste, au coeur de ce désastre, un plan fabuleux sur une superbe cafetière. Si Nichols avait mis autant de passion, de désir et de respect dans les motos que dans cette cafetière, The Bikeriders aurait peut être pu commencer à traiter son sujet.
En l’état c’était sans intérêt, long comme un Rennes Marseille en Twingo et sympa comme une crevaison à Villeneuve sur Avre.
Créée
le 13 juil. 2024
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