L’AMÉRIQUE !
Cette Terre d’accueil pour les rescapés fuyant l’Europe d’après-guerre, en quête du fameux American Dream.
Avec THE BRUTALIST, Brady Corbet démystifie ce rêve américain à travers le portrait de László Tóth, architecte hongrois immigré au génie hors-norme.
Un personnage fictif inspiré par le parcours des plus grands architectes d’après-guerre appartenant au courant du brutalisme, chargé de reconstruire l’Europe en ruine.
Sous ses airs de faux biopic, THE BRUTALIST raconte l'histoire d'un homme fuyant l'Europe d'après-guerre pour se reconstruire dans une Amérique d’apparence accueillante, lui qui est un survivant de l’Holocauste.
Après une séquence d’ouverture magistrale ponctué par le score atmosphérique de Daniel Blumberg et dont l’on retiendra cette sublime image annonciatrice de la Statue de la Liberté à l’envers, László vient d’émigrer aux États-Unis, pour toucher le rêve américain.
De simple ouvrier à architecte de génie pour un mécène ayant fait fortune pendant la guerre, Tóth dont l'austérité des créations architecturales témoigne des traumatismes qu'il a subit pendant la Seconde Guerre Mondiale, touchera le rêve américain mais celle-ci ne sera qu’une illusion.
Ici le rêve américain prend au fur et à mesure du récit, la forme d'un cauchemar : celui d'un mensonge, celui du capitalisme exacerbé sur fond d'antisémitisme et les difficultés à s'intégrer dans une Amérique pas si accueillante qu'elle le prétend.
Brady Corbet décortique le rêve américain, afin d’exposer son hypocrisie sous tous les angles, de l'espoir à la désillusion, de l'ambition à la destruction, l’Amérique est un pays en trompe-l'œil, qui promet mais finit par rejeter ces mêmes rescapés qui ont participé à bâtir la Nation.
Dans l'ensemble, THE BRUTALIST est un grand film même si il n'est pas exempt de tout reproche.
Avec du recul, cette fresque faramineuse sur l'Amérique de 3h35 ne m'a pas embarqué autant que je l'aurai espéré.
Trop d’éléments se chevauchent dans la deuxième partie et beaucoup de sujet sont abordés pour englober ce récit déjà dense d’emblée.
La deuxième moitié n’atteint pas le niveau de perfection de la première, l’écriture des personnages féminins est bâclé notamment celui de la merveilleuse Felicity Jones (quel plaisir de la voir au cinéma!), étrangement la présence de sa seule voix était beaucoup plus puissante durant la première partie.
Et sans oublier la dernière partie : l’épilogue complètement rushée, vite expédié et qui fait tache dans cette imposante épopée.
Film de tous les superlatifs : une durée imposante de 3h35, tourné au format Vistavision, modeste budget de 10 M, seulement 33 jours de tournage … sur le papier THE BRUTALIST semble être une anomalie dans le Hollywood moderne, et il est clair que c’est une grande œuvre qui transcende le cinéma moderne.
Plus qu’un film, THE BRUTALIST est une expérience sensorielle bouleversante, qui frappe par l’horizontalité de sa mise en scène et par sa narration vertigineuse.
Un film que les cinéphiles prendront un plaisir à visionner tant il rappelle l’ambition visuelle et thématique des plus grands maitres du cinéma américain : Coppola, Cimino, Kubrick, Leone, Stevens …
Une épopée imposante sur la recherche de l'éternel.