The Brutalist est un film aussi démesuré que contradictoire. En voulant ériger un monument à la gloire d’un artiste et d’un style architectural, Le biopic traditionnel américain rattrape Corbet, sapant toutes les fondations par un excès de complaisance mélodramatique.
Bétonné et sans frioriture, refusant l’ornement, il rend hommage en réutilisant la technologie du VistaVision ayant vu le jour en même temps que le courant architectural. Une technologie ayant pour but de magnifier ce qui se passe à l’écran.
La première heure est sidérante de beauté. Dès l’ouverture, le ton est donné. La mise en scène déployée par Corbet, bien que parfois pompeuse avouons-le, sait nous offrir des moments de grâce. Citons l’ouverture, le plan aérien sur le train, ou encore le passage en Italie noyé dans le marbre.
Le film sombre malheureusement vite dans les méandres du biopic traditionnel. La seconde partie est alourdie par son misérabilisme : descente aux enfers, drogues, excès de colère, viol.
Bien que parfois étincelant, Brody oscille entre la sobriété et le surjeu théâtrale évoquant par instants un Joaquin Phoenix en roue libre faisant clin d’oeil à la démesure de DeNiro.
C’est le rapport entre l’artiste et son mécène (figure d’un capitaliste vorace (figure d'un capitaliste)), qui aurait pu incarner la colonne vertébrale du film. Mais dès ses premières secondes à l’écran, on se rend compte des vulnérabilités et du manichéisme de ce dernier de par son impulsivité colérique. Guy Pearce incarne tout de même bien cette emprise du capital sur l’art, dans ce rapport de force où l’artiste n’est qu’un pion dans le jeu du pouvoir.
L’antisémitisme, l’assimilation, le capitalisme comme broyeur d’âme, tout y est (peut-être trop justement ?).
L’art est la meilleure manière de représenter cette horreur, et utiliser l’architecture comme moyen d’expression est brillant. J’aurais aimé en savoir plus sur les motivations artistiques de Toth, rapidement évoquées à la toute fin.
Plus de brutalisme svp.