Qu'est-ce qui peut bien pousser cet homme à enlever une jeune femme marginalisée afin de lui faire subir privations et tortures psychologiques pendant plusieurs jours?
C'est là où réside tout le malaise de ce "Bunny Game" car le film n'a aucune réponse à offrir ou presque. Il y a bien eu des précédentes victimes, toutes violentées de la même façon et à l'issue incertaine. Le film nous laisse bien entrevoir un après, censé nous apporter enfin des réponses mais il n'en est rien, la fin nous laissant dans le mystère le plus total.
Alors, est-ce suffisant pour faire un bon film? Oui et non, le parti pris de la mise en scène étant à la fois la force et la faiblesse de l’œuvre.
En effet, le réalisateur s'applique à ne pas montrer uniquement les temps forts mais aussi tous les petits à-côtés, les habituelles ellipses jamais montrées à l'écran. Ainsi, entre la capture de la victime et le début des sévices qui lui sont infligés, tout le manège et la préparation de l'agresseur sont mis en scène. Sa manière d'observer, de sentir, toucher, tester, soupeser sa victime.
Et là, le film se révèle très fatiguant à suivre car il choisit de ne jamais rendre confortable la vision de spectateur. Entre le montage haché et fou furieux, les images texturées, les jeux de lumières sporadiques, on en ressort lessivé et vaguement agacé. Et tout cela finit par être long, bien long. Jusqu'à ce qu'un ennui poli apparaisse.
The Bunny Game est une performance, une expérience cinématographique mais son jusqu'au-boutisme le rend aussi hermétique à toute dimension divertissante. Tant mieux ou tant pis car c'est aussi cela qui fait tout son intérêt et le rend captivant.