Un moyen-métrage à géométrie non-euclidienne
Après des années à me farcir des adaptations plus ou moins réussies du maître de Providence (plutôt moins que plus, à vrai dire), quelle ne fut ma surprise devant ce moyen-métrage qui parvient à saisir un peu de l'essence lovecraftienne.
Prenant les allures d'un film muet des années 20, auquel il emprunte ses codes les plus traditionnels (cartons de dialogues, mimiques exagérées des acteurs, décors et effets spéciaux en toc, image qui tressautent, focus brumeux), ce trop court opus parvient non seulement à faire ressentir cette angoisse vertigineuse face à l'indicible, si typique des personnages d'HPL, mais aussi à respecter la trame sinueuse, tentaculaire, de l'écriture lovecraftienne.
Dans un monde de films tape à l'oeil où l'horreur éclabousse, il fait bon d'en revenir à une peur fondée sur la suggestion et de fixer, gorge serrée, ces pauvres marins confrontés à la géométrie non-euclidienne d'une R'lyeh sortie des eaux, ou ces pauvres investigateurs poursuivis par une connaissance effrayante.
Une chouette surprise.