Au bord des Canyons, le vide..
Première incursion dans le cinéma de Paul Schrader, qui m'intrigue depuis un certain temps déjà, son passé de scénariste n'y étant bien entendu pas étranger. Son Hardcore, introuvable, m'intéresse énormément également. Alors si le scénario est signé Bret Easton Ellis - dont je n’ai rien lu, mais connais la réputation -, on est en droit d’en attendre quelque chose.
Hélas, cette première entrée chez le cinéaste est une grosse déception. Pas totalement cela dit, car j'étais loin de m'attendre à un grand film. Mais bon..
Pourtant, ça commençait bien. Ainsi, le générique introductif est peut-être le meilleur moment: on y voit défiler des cinémas - anciennement prestigieux, probablement - totalement abandonnés, désertés. Nous sommes à LA, ville fantomatique, où plus personne ne semble s'intéresser au cinéma. Le cinéma est-il mort ?
Des plans similaires seront repris lors du générique final, mais au milieu de tout ça, pendant tout le film donc, il n'y aura rien de très intéressant à ce mettre sous la dent.
La première scène est pourtant pas trop mal non plus: nous sommes à un dîner entre 2 couples, et ceux-ci parlent d'un projet de film. Mais au départ, le son et l'image semblent décalés: ainsi, nous voyons, en gros plan, le visage du convive auquel s'adresse la voix que nous entendons (le contre-champ habituel, en gros). C'est pas l'idée du siècle, mais ça donne bien.
Ensuite, c'est le néant, ou presque. Vous vous rappelez du générique d'intro ? Et bien je suppose que c'est délibéré d'avoir opté pour Lohan en tant qu'actrice principale (elle produit également le film), son statut de star du grand écran désormais derrière elle. Et si le cinéma est mort, est-ce pour laisser place au porno ? Cela peut faire rire, mais le choix d'un acteur X (James Deen, tiens) en rôle principal en est peut-être la réponse.
M'enfin là je continue à dire du bien du film, alors qu'au fond le choix des acteurs n'a jamais fait un grand film. Et donc, autant sont-ils bien choisis, autant ils sont quand même très mauvais. Encore que les deux cités ne s'en sortent pas tellement mal (surtout Lindsay), comparé aux autres : Nolan Gerard Funk en tête, vraiment pas crédible.
De par ses acteurs (pas franchement aidés par les dialogues), ses choix d'ambiances plutôt bons et de lumières, d'environnement (villa chic, totalement désincarnée, pour figurer la superficialité du milieu, sans doute), son intrigue totalement sans intérêt (une histoire de jalousie poussive), ses scènes de sexes à répétition, son côté « trash pour les nuls », son esthétique du "vide", et son final frustrant et raté, le film rappelle malheureusement un mauvais TVfilm, par le peu d'intérêt qu'il fait ressentir. Voir même un TVfilm érotique, avec toutes ses scènes de sexes sans la moindre substance.
Du coup, inutile de préciser qu’on finit par s’ennuyer ferme car ce n’est tout simplement pas intéressant.
Et puis en sorte de "Gus Van Sant approved", le cinéaste fait un caméo le temps d'une scène. Mais bon, il sert à rien..
Je sauve la BO, plutôt planante, qui rappelle par moment celle de Spring Breakers.
Après Cartel l’année dernière, voilà qui rappelle une nouvelle fois que l’union réalisateur-écrivain fait rarement bon ménage actuellement.