Redemption Song
Atlantic City, l'Ohio, Las Vegas... Paul Schrader nous emmène dans l'Amérique du jeu et des casinos, celles de l'apparence, des lumières et des paillettes, pour y suivre un personnage pourtant...
le 31 déc. 2021
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Avec The Card Counter, Paul Schrader s'empare de l'environnement des salles de jeu et des parties de poker, non pas pour en épouser les codes, mais pour en retourner complètement la dynamique. Lieux agités, empreints de folie et sources d'excitation dans l'imaginaire cinématographique, ils sont ici filmés dans des cadres beaucoup plus rigides, moins mouvants et mettant en valeur la dimension répétitive du jeu. Cela pour coller à l'esprit de William Tell, personnage principal interprété par le grand Oscar Isaac.
En effet, cet ancien militaire devenu joueur de poker semble s'enfermer volontairement dans une routine solitaire très méthodique. En cela, le film est âpre, mais en même temps assez planant car le mystère rode autour de la personnalité du personnage. La musique est participe parfaitement à l'ambiance du film. On sent qu'il contient une violence en lui, mais il est difficile d'en saisir l'ampleur. Et quand cette routine est perturbée par d'autres personnages, la question que l'on se pose n'est pas si cette violence va ressurgir, mais quand et comment.
Toutefois, en sortant de son cadre strict, il trouvera également, non sans essayer de les refouler, tendresse et passion : aurevoir draps neutres habillant les meubles, bonjour (bonsoir) village illuminé, (quasi-?) unique moment où la caméra abandonnera sa relative immobilité et prendra littéralement son envol. Les autres moments sont les flashbacks renvoyant à l'enfer des camps de prisonniers, scènes durant lesquelles Schrader traduit formidablement la démence et l'atrocité à travers une caméra subjective des plus malaisantes.
En réponse au traumatisme de ces camps de torture, notre personnage principal s'est construit une routine aseptisée. Non pas pour se reconstruire mais pour se neutraliser. Non pas pour trouver un nouveau départ mais pour éviter de détruire ce(ux) qui l'entoure(nt). Le plan final sur cette vitre en est le plus puissant symbole.
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le 23 déc. 2021
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