Ce documentaire était destiné au départ à la télévision américaine, sur HBO. Mais il eut un tel retentissement, après la sortie de Philadelphia, qu'il fut diffusé en salles. C'est dire le mérite de ce film qui traite de l'homosexualité depuis les débuts du cinéma jusqu'au film de Jonathan Demme. On peut regretter que le contenu soit à 99% américain, mais le thème est très intéressant, et montre une évolution des mœurs au fil des décennies. A l'aide de très nombreux extraits, on voit au départ qu'être gay, c'était être systématiquement une folle, puis peu à peu la damnation fut. C'était surtout le cas à la période des ligues de censeurs, de notations de l'église, et du code Hayes, qui se vantait de propager la bonne parole.
On note les multiples allusions, comme dans La fureur de vivre ou bien entendu Spartacus, mais un premier coup de pied dans la fourmilière sera donné avec La rumeur, sur une supposée relation entre deux femmes, jouées par Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, laquelle est interviewée d'ailleurs.
Cela va ensuite à Point limite zero, au formidable Les garçons de la bande, Car Wash, Cruising, et la grosse surprise qu'est Making Love, que je ne connaissais pas, et qui est très intriguant ; pensez donc qu'en 1982, Fox décide de financer une histoire d'amour homosexuelle dans une production destinée au grand public ! Il y a aussi Victim, sorti dans les années 1960, qui est montré comme le premier film de l'histoire du cinéma où le personnage principal est gay. Tout ceci jusqu'au triomphe de Philadelphia.
Je brosse très largement le portrait, mais on voit que les mentalités ont évolué. En bien ou en mal, je ne sais pas, mais il y a par exemple un montage de multiples films où le mot fag (pédale) est prononcé.
Le documentaire datant de 1995, il n'a pas vu l'évolution de l'homosexualité qui se fait de plus en plus dans des films pour tous, comme Harvey Milk, Le secret de Brockeback Mountain, et même Independance day Resurgence ! Mais il y a quelque chose de très intéressant qui est énoncé par une des personnes interrogées, à savoir la figure tragique de l'homosexuel, qui est presque certain de mourir à chaque fois ; et effectivement, dans les cas que j'ai cités, c'est vrai...
Malgré ce regret de ne couvrir que du cinéma américain, sauf Victim, c'est souvent très intéressant, et bourré d'extraits informatifs sur une représentation souvent honnie, malheureusement.