Espoirs illusoires
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Encore un premier film cette semaine, celui de Milad Alami, réalisateur suédois d'origine iranienne et peut-être celui qui m'aura le plus marquée avec "Dogman" cette année. Beaucoup, beaucoup aimé. Embarquée dans une histoire sentimentale qui prend des chemins de traverse et surprend constamment avec une grande justesse.
C'est un conte de fées un peu cruel et à l'envers, parce que la résolution en happy end "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" devient l'élément perturbateur d'un excellent scénario, que la seule chaussure perdue dans l'escalier est celle d'une petite fille en pleurs beaucoup trop jeune pour être mariée et qui plus est beaucoup trop blonde, que les princesses en robe rose sont vieilles et sautent par la fenêtre, que Shéhérazade ne parvient plus à retenir la nuit, que Cendrillon s'appelle Esmail et que sa marraine a perdu ses pouvoirs, que le costume de bal est tâché et porte la terrible empreinte d'un père qui vaut bien celui de Peau-d'Âne, que le Prince ordinaire enfin est devenu déménageur bien qu'il ait les plus beaux yeux de la Terre...
C'est un film sur l'immigration qui ne dit pas son nom, qui adopte un autre point de vue, plus complexe, entre romance et documentaire (rha, la cuisine persane).
D'autres persans venus en Europe de nos jours et dont l'exotisme excite tout au plus quelques danoises en mal d'amour ou en mal d'aventures. Des foyers de travailleurs immigrés aux bars chic de Copenhague, le persan en quête d'une épouse n'en révèle pas moins des vérités sociales et psychologiques.
La complexité du "Charmeur" aux longs cils noirs ne cesse de surprendre : intéressé, lâche, manipulateur, mais aussi fragile, courtois, désoeuvré, humain, perdu, au quotidien plus effrayant qu'une menace d'expulsion.
On découvre deux acteurs sublimes : Ardalan Esmaili et Soho Rezanejad, dont les personnages aspirent tous deux à trouver leur place entre deux cultures, dont l'une promet la liberté et l'autre, d'une richesse inouïe, reste fatalement pesante.
Créée
le 9 avr. 2020
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