Cuisto dingo

A 40 ans, Philip Barantini a déjà un cursus bien chargé. On le connaissait (un peu) en tant qu'acteur, notamment pour sa participation à de nombreuses séries (Chernobyl, The Responder, Band of Brothers...), mais le garçon s'est également essayé -depuis quelques temps- à la réalisation, essentiellement sur du court-métrage jusqu'ici. En ce début d'année, il nous livre son premier "vrai" film avec The Chef, inspiré d'un précédent essai en format court sorti en 2019.

Nous voici donc à Londres, un vendredi quelques jours avant Noël. Andy Jones, un des deux chefs d'un restaurant manifestement assez huppé, est en retard, on le sent surmené et stressé et son arrivée sur son lieu de travail ne va rien arranger à l'affaire. L'équipe est sur le pied de guerre mais elle va devoir faire face à une accumulation de contrariétés inhérentes au métier, et ce soir là (le film ne dire que le temps d'un service), rien ne va lui être épargné...

A la sortie du film, Barantini confiait "pour gagner ma vie avant de percer comme acteur, j’ai travaillé dans la restauration et suis passé par tous les postes jusqu’à devenir chef moi-même. J’en ai gardé le souvenir d’un stress permanent que j’ai voulu communiquer au spectateur". Pour ce faire, il a opté pour une technique de tournage essentiellement composée de plans-séquences. Cette méthode, en dépit des difficultés qu'elle représente, permet un rendu très immersif et dynamique qui sied parfaitement au contexte et permet de reproduire de manière plus que convaincante l'ambiance d'un restaurant bondé et le stress (voire la tension) pour le personnel, qu'il soit en cuisine ou en salle.

Fondamentalement, The Chef ne nous apprend pas grand-chose dans le sens où l'on imaginait déjà sans peine que la restauration n'était pas le secteur professionnel le plus reposant.
En cuisine, il faut de la discipline, travailler vite, bien et dans le respect les règles sanitaires, savoir communiquer avec la salle...cette dernière elle, doit être dynamique et souriante en toute circonstance, savoir s'adapter à des clients parfois difficiles à gérer et exigeants, tout en assurant une parfaite coordination avec les cuistots. Autant dire que quand le restaurant affiche complet, la moindre anicroche peut mener au désastre.

The Chef ferait presque un bon documentaire sur le monde de la restauration, même si le scénario est agrémenté d'ajouts visant à donner un peu d'épaisseur à l'ensemble, notamment via les déboires personnels d'Andy.
Philip Barantini relève donc le pari qu'il s'était fixé, offrant au spectateur un moment assez exaltant et immersif au cœur d'un grand restaurant. Les "à-côtés" n'apportent certes pas grand-chose et la fin pourra laisser dubitatif, mais l'essentiel n'était pas là.
Si cet univers vous attire un minimum, il n'y a aucune de raison de vous priver de cette expérience, finalement assez inédite.
Chaud devant!