Hell kitchen...

Je ne savais pas dans quoi je m'engageais en allant voir le film, et je ne suis pas déçu d'avoir tenté le coup. Le plan séquence peut-être vraiment casse-gueule mais dans le cas présent, il se prête vraiment bien au sujet, ça donne une superbe dynamique et un mouvement presque permanent qui rend bien le rythme très soutenu de cette soirée pleine d'enjeux dans un grand restaurant.

Une soirée de vendredi juste avant noël dans un grand restaurant. Il faut que la soirée soit parfaite, d'autant que l'ancien « patron » du Chef qui anime maintenant une émission de télé populaire vient dîner. Mais rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît, surtout quand le Chef se débat avec sa vie privé, ce qui empiète fortement sur son travail et le moral de son équipe.

C'est avec un grand naturel qu'on accueille le plan séquence pour ce métrage, pour être totalement honnête, j'ai du m'en rendre compte au bout de 10 ou 15 minutes, ça me paraissait tellement fluide et bien géré que ça ne m'avait pas marqué. Ainsi, l'ambiance et le rythme montent peu à peu, avec une caméra qui va rester plus longtemps fixée sur un endroit et des personnages au départ. Cela permet de planter le décor, de nous expliquer qui est qui et la relation entre les différents protagonistes et au fur et à mesure que la soirée avance, les poursuites changent plus souvent, il y a beaucoup plus de mouvement qui suit l'effervescence de la salle et des cuisines. Ici, ce n'est pas vraiment l'histoire qui tient le spectateur car elle est vraiment simple, c'est plus l'ambiance, la relation entre les différents personnages et les situations qui s'installent. On ressent les tensions et les inconforts auxquels sont confrontés les protagonistes et on a envie de savoir comment ça va tourner. Le fait de se promener dans le restaurant nous met vraiment au cœur de l'action et permet de rentrer très vite dans le film, je trouve que c'est particulièrement réussi. Un bel exercice de cinéma que ce soit derrière ou devant la caméra.

Parlons justement de ceux qui sont devant la caméra. Il faut reconnaître que le jeu des acteurs contribue vraiment à accrocher le spectateur. Il y a un vrai naturel dans la façon dont ils interagissent et on se laisserai prendre à penser que les scènes sont filmées dans un vrai restaurant. On a plus l'habitude de voir Stephen Graham dans des rôles de gangsters ou de dur à cuire mais j'avoue qu'il excelle aussi dans ce type de rôle. Je l'avais déjà adoré dans Help avec un rôle dramatique et sensible et il donne une nouvelle fois une superbe performance dans ce rôle de Chef dépassé par les événements, essayant de faire de son mieux mais trop préoccupé pour arriver à faire la part des choses. Il donne une grand humanité à son personnage.
Le reste de l'équipe tient très bien son rôle, chacun arrive à trouver sa place et la dynamique nécessaire pour que tout reste vraiment naturel. J'ai particulièrement aimé les personnages de Vinette Robinson et Ray Panthaki qui apportent beaucoup d'énergie. Ce sont clairement les béquilles du Chef en perdition et ce sont eux qui tiennent la cuisine à bout de bras. Ils rajoutent à cet aspect de suivre un vrai restaurant que je mentionnais plus tôt, avec leur coups de gueules ou leur présence pour tenter d'apaiser les situations.

Il est vrai qu'il se passe beaucoup de choses pour une soirée dans un restaurant, mais s'il s'agissait juste de servir des clients qui mangent et payent en disant au revoir, le film n'aurait pas beaucoup d'intérêt. J'ai franchement passé un bon moment, 1h30 est le bon format pour ce type de métrage qui montre une tranche de vie « en direct », au delà on finirait par s'ennuyer. Sûrement pas le film de l'année (on est qu'en janvier il faut dire !) ce qui n'en fait pas moins un film intéressant et qui change un peu de ce qu'on peut avoir l'habitude de regarder. Film à voir pour les amateurs de cinéma.