Très fan de My sassy girl du même réalisateur, je suis curieux de voir ce que je peux trouver dans un registre et une date de sortie similaire. Parfait, deuxième gros succès de Kwak Jae-Yong, The Classic coche les cases du film que je recherchais, c'est-à-dire un long métrage simple et léger, dévoilant une dimension plus dramatique et émouvante. Le contrat n'est rempli qu'à moitié.
The Classic commence bien, avec une comédie légère et agréable, teintée d'une naïveté adolescente qui le rends très attachant. Le film a même un bon concept pour lui, en mettant en parallèle la romance d'une jeune fille dans le présent et celle que sa mère a vécu en 1968 à travers de vieilles lettres dont elle a hérité. Les parallèles se dessinent tout seul sans que le film n'ait besoin d'insister, le contraste et la température de la photo suffit à distinguer les deux périodes, les quelques blagues font sourire. Bref ça marche bien et c'est ce que je demandais.
Cependant, Kwae Jae-Yong veut aller plus loin et érige son film en un long mélodrame beaucoup trop long pour son propre bien. La bonne idée d'alterner les périodes devient un poids que le film se traine. Au début, si ce n'était qu'un prétexte pour raconter une histoire différemment, le scénario se voit forcer de développer tout un tas de choses et surtout, à tel point qu'il finit par justifier sa forme. Son procédé se retrouve justifier par un twist ridicule et sorti de nul part à la fin. C'est dommage de voir qu'un procédé aux allures naïves soit gâché de la sorte.
Le coeur du problème reste la capacité du film à forcer comme pas possible les clichés du registre romantique : la musique bidon et larmoyante, la même chanson nulle répétée en boucle à la moindre scène "émouvante", utilisation abusive de la pluie, personnages qui courent pour se retrouver, pseudo drame à base de guerre(pire séquence du film digne d'un téléfilm m6) ou triangle amoureux pour créer des "épreuves" aux personnages, un tas de séquences ou les acteurs pleurent. The Classic détruit le peu de personnalité qu'il avait en surabusant de ces clichés romantiques qu'on aime mépriser. Quel dommage.
Le cas de The Classic est d'autant plus consternant quand on voit que deux ans plus tôt, Kwak Jae-Yong réalise My sassy girl, qui, au contraire, évite tous les écueils du genre romantique. Tant pis, Kwak Jae-Yong a perdu en maturité en deux années. Je pense que The Classic est un bon exemple pour montrer les conséquences négatives d'une mode au cinéma. Après le succès monstrueux de My sassy girl(plus gros chiffre pour comédie et top 5 du box office de tous les temps à sa sortie, exportation dans toute l'Asie avec un succès comparable au Titanic, une tripotée de remake venant de plein d'autre pays, dans une époque ou l'industrie cinématographique sud coréenne n'est pas la machine exportatrice que l'on a en tête....), un tas de film comique/romantique/mélodrame apparaissent sur le marché sud coréen et plus globalement une demande en Asie du sud est. The classic en est le bon exemple, un simple produit qui repose uniquement sur les codes de son genre, essentialisés eux-mêmes d'un film qui a débuté une vague. Quand un film se contente d'aligner seulement les codes de son genre, il est ennuyeux, il s'essouffle très vite au visionnage. C'est d'autant moins intéressant quand les films d'avant garde d'un genre échappent à chaque fois aux travers que ceux-ci vont engendrer, pour rester sur la même année il y'a notamment le cas Memories of murder qu'aucun thriller suivant ne parviendra à surpasser.
The Classic m'a rappelé pourquoi l'on prends autant de plaisir à se moquer des films romantiques.