Après des fuites et des rumeurs, c'est finalement lors du Super Bowl LII que s'est dévoilé le premier et seul trailer de ce qui n'était jusqu'alors connu que sous le nom "God Particle". Désormais nommé The Cloverfield Paradox, le film du réalisateur nigérian Julius Onah s'installe maintenant comme le troisième opus de la saga initiée par J.J Abrams après le succès du premier Cloverfield de Matt Reeves. De la même manière que 10 Cloverfield Lane, The Cloverfield Paradox est à l'origine un projet sans lien avec la saga, repris en milieu de production pour s'inscrire au sein de celle-ci. Cela pénalise-t-il le film ? Oui, un peu.
The Cloverfield Paradox nous fait suivre Ava Hamilton, une scientifique envoyée sur une station spatiale dans le but de réaliser des expériences visant créer une énergie constante et illimitée pour la Terre. Pour cela, une dizaine de scientifiques de différents pays se retrouvent tous sur la Station Cloverfield (oui, oui c'est bien le nom de la station) et tentent donc, à l'aide d'un accélérateur de particules nommé le Shepard, d'accéder à cette fameuse énergie. Évidemment, les choses vont déraper, les essais successifs se concluant tous par des échecs. C'est après un 48ème essai particulièrement infructueux que les astronautes vont se rendre compte que la Terre a soudainement disparue. Ces derniers vont donc tenter de découvrir ce qui a bien pu causer la disparition d'une planète de plus de 12 000 km de diamètre.
Disons le de suite, les critiques négatives du film sont justifiées. Pas toujours prompt à l'explication et préférant souvent, lorsqu'il y est obligé, nous expliquer que "C'est quelque chose qu'on ne peut pas comprendre" The Cloverfield Paradox multiplie les occasions manquées et chaque bonne idée, chaque développement intéressant semble être suivi par une mauvaise idée ; quand ce n'est pas l'exécution elle-même qui tue l'idée en question dans l’œuf. On regrettera par exemple un film donnant parfois dans l'excès de sentimentalisme, d'autant plus embêtant qu'il est censé justifier les décisions illogiques prises par certains personnages. À cela il faut ajouter les quelques scènes ne nous faisant plus suivre Ana et la station Cloverfield mais Michael Hamilton, mari d'Ana. Ces scènes, très clairement rajoutées lors de la reprise du film par J.J Abrams, couple son absence de réel intérêt à une coupure assez moche du rythme du film à chaque occurrence, renforçant l'impression d'inutilité de ces scènes qui ne font qu'alourdir le récit.
Malgré tout The Cloverfield Paradox essaie, et réussit, à avoir un certain nombre de points intéressants et certains développements scénaristiques peuvent même se targuer d'être particulièrement captivants ; ses décors, son ambiance et certains plans du film prouvant encore un peu plus que tout n'est pas à jeter dans cette expérience controversée. Le film s'inscrit de manière assez intéressante dans le Cloververse, tout en proposant un récit dont l'ambiance et les enjeux peuvent autant rappeler 10 Cloverfield Lane que Alien, ce malgré son échec à atteindre le niveau de l'un ou l'autre. The Cloverfield Paradox est loin d'être parfait et compte même son lot de tares, mais se révèle également être un film regorgeant de bonnes idées et d'une mise en scène peut-être quelque peu tâtonnante mais largement prometteuse.
Malgré ses contradictions, ses aspects de thriller horrifique baignant dans une lumière crue et de film claustrophobique entrecoupés de passages sur Terre, il ressort du visionnage The Cloverfield Paradox un film pas exempt de soucis mais qui réussit pourtant à rester appréciable, possédant même quelques fulgurances bienvenues.