Ce film est tentative pathétique de reproduire le succès inattendu de 10 Cloverfield Lane. Sauf que... c'est un mauvais film, dont le seul rapport avec Cloverfield est très forcé, en plus d'être complètement inutile.
Il n'y a pas vraiment de points positifs au film, avec au mieux une performance d'acteur passable de la part d'un casting deux étoiles. Chris O’Dowd joue notamment un italien dont l’accent va et vient aléatoirement. Et à propos de langage, on parle chinois de manière également aléatoire, avec pour seul but l'accès à ce marché, très tendance en ce moment. Mais passe encore. Les effets spéciaux sont eux-aussi passablement oubliables.
Et pour le reste, c'est la débandade.
Le contexte, d'abord. Pourquoi cette histoire sur la crise de l’énergie ? Ça n’apporte rien à l’intrigue mis à part des incohérences. C'est au moins aussi forcé que le lien avec Cloverfield. D'ailleurs la station, un peu ridicule et visuellement quelconque, possède décidement beaucoup de lumières et des écrans géants dans un monde en pleine crise énergétique. Et l'électricité coupe sans arrêt, mais pas de soucis, tout le monde continue de rouler en berline.
L'intrigue, ensuite. Un gigantesque accélérateur à particule est mis en orbite pour produire de l'énergie gratuite et infinie, mais l'expérience tourne mal et la station spatiale rentre dans une dimension parallèle. Un Event Horizon générique, dans lequel se succèdent les clichés des films de SF horrifiques. Beaucoup d'aspect de l'histoire sont incohérents, ou demeurent mystérieux. Pire, on est confronté à des rebondissements qui ne servent en rien à l’intrigue, et sont juste là comme prétexte à plus de scènes clichés.
Les personnages, ensuite. Ils sont en carton, on ne s’attache pas à eux et donc le film devient assez ennuyeux. Le personnage principal, c’est à dire celui qui a un background et le seul à être vaguement présenté, n’est pas ou à peine celui qui bénéficie du plus de temps à l’écran.
Le "et pendant ce temps, sur la Terre". Une verrue narratif dans laquelle on assiste à une attaque mystérieuse, et c’est la panique… ah non, en fait on entend une explosion, il y a un plan maladroit sur un centre ville de synthèse en ruines, un enfant qui pleure… Et personne. Juste des gens au bout du fil. Pas terrible pour faire monter la tension.
La morale du film. “Arrête ce que tu fais TOUT DE SUITE, et va faire des bisous à ta famille, parce qu’aimer sa famille, c’est bien”. Ça sort de nulle part, c'est gratuit, mais bon, c'est dit par une nana en pleurs qui à ce qui parait aurait perdu sa famille, donc ça mange pas de pain.
Une réalisation paresseuse, avec des set-up / pay off mal exécutés, à l’image des jump-scares très prévisibles. Pire, beaucoup d’éléments, en plus d’être sans queue ni tête, sont tellement ridicules qu’ils ne font pas peur pour un sou.
On pense au bras détaché façon “la chose” de la Famille Adams, au babyfoot qui danse la gigue ou au gigantesque gyroscope planqué dans le cadavre du russe.
Enfin, la fin.
Et oui, la fin est idiote : on ne leur dit pas qu’il y a des gros monstres sur Terre, et ils se font bouffer tout cru en arrivant. Mais alors, d’où sortent les gros monstres ? De quelle dimension ? Et puis, on est sensé croire que Cloverfield, l’original, se passe dans l’une ou l’autre des dimensions présentées ? Mais il n’y est jamais question de guerre ou de crise énergétique ! On nous prendrait pas un peu pour des pigeons ?!
Bref, si le pitch du film vous intéresse, allez voir Event Horizon. Peut-être que vous n'aimerez pas, mais au moins le délire est poussé au bout. Et si vous voulez voir un film sur l'univers Cloverfield... ben faites comme moi : attendez le prochain.