Contrat à durée très déterminée

John Harper est renvoyé des forces spéciales pour des raisons assez futiles. Ayant quand même une vie de famille à assumer, il décide de s’engager auprès d’une compagnie de sécurité privée dirigée par Rusty, dont il fait la connaissance via son frère d’armes Mike. Leur première mission est un échec total. Poursuivi et visiblement trahi par son employeur, Harper va devoir survivre, mettant à jour une effroyable conspiration…

Autant mettre de suite les pieds dans le plat : The Contractor est le digne héritier de tous les films d’action fauchés de la première décennie 2000. Il ne manque que le montage épileptique (le réalisateur a fort heureusement opté pour un rythme plus posé) et les sépias, mais sinon, on y est : tout dans ce film paraît avoir vingt ans de retard, de sa photographie glauque (au sens propre, cette couleur bleu-vert qui fout le cafard) à son casting fadasse, en plein décalage avec l’œuvre à laquelle il est censé donner vie. Mention spéciale à Chris Pine a beaucoup plus la tête à jouer Jack Dawson dans un remake de Titanic qu’un béret vert surentraîné.

Certaines séries Z réussissent à remplir leur quota d’action, mais pas The Contractor. Un type livré à lui-même, poursuivi dans un pays étranger, c’est pas d’une originalité folle. Néanmoins, ça peut faire quelque chose de divertissant. La plupart des scènes sont basiques, voire consternantes de ridicule. Le héros estropié qui survit à cinq-six tireurs, et qui a l’idée (contrairement à Finkie) de se jeter dans le canal pour se sauver… Alors le coup des méchants qui savent pas tirer (ou qui savent uniquement pour blesser le héros, quand le scénar en a besoin), je veux bien, mais pour que ça soit crédible, faut peut-être éviter de faire d’eux des ex-Marines… En plus de ça, le film souffre d’un assez grave souci de rythme global, et jamais le spectateur ne se sent happé par les péripéties d’Harper.

Le scénar du film est truffé de scènes pas très crédibles, mais cela reste son point le plus intéressant. Il n’hésite pas à aborder le sujet délicat des black ops, avec des retournements de situation un peu conspi sur les bords. Après visionnage, je me suis demandé combien il y avait vraiment d’ex-soldats devenus contractants pour des sociétés privées qui se retrouvaient dans des opérations clandestines bien sales pour des intérêts très louches qui n’ont pas grand-chose à voir avec la sécurité nationale américaine, mais beaucoup avec des histoires de gros sous entre corporations. Bordel, l'« intérêt national », est-ce autre chose que des histoires de gros sous maintenant ? Surtout aux USA ! Enfin, bref... The Contractor a le mérite de proposer une histoire où les soldats ricains sont pas (forcément) des héros qui sauvent le monde et où les Arabes sont pas (forcément) des terroristes, ce qui est assez rare pour être souligné, surtout dans ce genre de production !

Cependant, il ne faut quand même pas se leurrer : The Contractor reste un film d’action pauvre et limité, qui sent un peu la naphtaline. À regarder par une après-midi pluvieuse, quand il n'y a rien de plus intéressant.