The Crow
4.3
The Crow

Film de Rupert Sanders (2024)

Quand le corbeau fait la pub pour Dior


Dès les premières minutes, j’ai cru que j’étais dans une pub Chanel tournée par un stagiaire en noir et blanc. À force de surjouer l’esthétique, The Crow finit par ressembler à un clip gothique d’un groupe de métal à la retraite, où Bill Skarsgård prend des poses dramatiques pour une couverture de Vogue. Oui, c’est beau, mais vide comme un commentaire de Jean-Michel Aphatie.


Du comics culte à l’échec couture


James O’Barr doit s’arracher les cheveux quelque part dans les limbes. Le matériau d’origine avait tout pour offrir une vengeance crasseuse, viscérale, et brûlante. Ici, le scénario a été passé au tamis par un comité marketing qui a dû se dire : « On ajoute trois gouttes de gore, un zeste de romance emo, et ça passe crème. » Mauvaise pioche. Le film est aussi profond qu’une flaque d’eau et aussi original qu’un énième post d’influenceuse à Bali.


Un corbac en carton-pâte


Bill Skarsgård, que j’aime beaucoup en Ça démoniaque, joue ici un Eric Draven qui a dû bouffer trop de riz au lait. Il est aussi menaçant qu’un chaton gothique avec une collerette en dentelle. Les méchants ? De simples figurants sortis d’un catalogue de gangsters discount. Sérieusement, même un comité de sécurité en maison de retraite aurait eu plus de charisme.


Quand l’action camoufle le néant


Le réalisateur Rupert Sanders (déjà coupable de Ghost in the Shell) pense pouvoir noyer la misère dans des scènes d’action aussi foutraques qu’un montage TikTok. Ça mitraille, ça saigne, mais le tout manque d’impact. Là où l’original des années 90 brûlait d’intensité, ce reboot semble se contenter de servir des poses cliniques et des ralentis pour impressionner le public TikTokeur fan de Dark Vador.


Ambiance : gothique chic, mais sans âme


Alors oui, c’est bien éclairé. Les décors sont sombres, léchés, presque propres… trop propres. Le chaos n’existe pas ici, pas une trace de crasse ni d’anarchie. On dirait un Gotham réalisé par un architecte d’intérieur scandinave. Même l’atmosphère de vengeance, censée suinter la douleur et le désespoir, est aseptisée pour plaire aux clients de Starbucks.


Conclusion : Repose en paix, The Crow


En voulant moderniser The Crow, ils ont déplumé la bête, oublié son âme, et livré une coquille vide. Si vous êtes un fan du film culte de 1994, passez votre chemin : ce corbac-là est mort-né. Une esthétique à la petite semaine pour un reboot qui ne mérite ni la tombe, ni l’autel. R.I.P., encore.


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