Je ne comprends pas la note sur ce site, je me vois dans l'obligation d'écrire un avis. NB : pour ceux qui ne me connaissent pas, je regarde BEAUCOUP de films du genre horrifique.
En toute objectivité, The Delivrance est au dessus de la plupart des films d'horreur par ses thématiques, son jeu d'acteur et son atmosphère pesante. Loin du studio Blumhouse et de ses bonnes idées mal utilisées, ou de la New Line et ses Blockbusters trop calibrés. Le propos sur la pauvreté et la galère des quartiers afros-américains ramène plutôt à Jordan Peele. Du coup, désolé, mais il faut réfléchir un tout petit peu :
Les thématiques :
Lee Daniels (réalisateur porté sur la cause noire aux États Unis) nous plonge dans un ghetto où une famille tente de joindre les deux bouts. 3 enfants, une mère cancéreuse, un mari qui l'a quitté pour l'Irak, et notre héroïne boit pour oublier que tout tient sur elle. On se croirait presque dans Moonlight, et c'est un compliment.
Le terreau est parfait pour une histoire d'exorcisme, où le mal vient de l'intérieur de la maison pour détruire les plus faibles. Le réalisateur prend d'ailleurs son temps (The Delivrance dure près de deux heures) et développe dans sa première moitié les difficultés inhérentes à la condition de cette mère de famille alcoolique et traumatisée. L'héritage est lourd et il est impossible de s'en défaire. La société vient apporter un poids et un stress supplémentaire en la personne des service sociaux, toujours là pour pointer ce qui va mal, sans jamais proposer de vraies solutions.
Le jeu d'acteur :
Glenn Close en grand-mère cancéreuse et burinée par la vie, c'est quelque chose. La voir flirter avec un acteur de Dr House ou encore se la jouer "mama black" alors qu'elle est la seule actrice blanche au milieu de ce ghetto justifie à lui seul le film. Son personnage, tout en nuances et en charisme, est très bien écrit.
L'actrice principale, que je ne connaissait pas, est parfaite dans un rôle difficile où elle est pourtant détestable. Elle est de toutes les scènes.
Caleb Mclaughlin, pour un de ses premiers rôles en dehors de Strangers Things, reste au second plan, mais incarne une des rares masculinités du film avec brio : le père est absent, mais "not all men" comme on dit.
Les autres acteurs sont tous concernés et intéressants, même si leur temps à l'écran est sporadique : petite mention à un personnage queer, qui en une scène apporte la thématique de la prostitution et donc de la logique de s'en sortir, par tous les moyens.
L'atmosphère pesante :
La tension est là, et elle arrive bien avant l'horreur. Çà devrait être une bonne chose. Pourtant, l'action explose dans un dernier acte trop calibré, et qui ressemble malheureusement à une belle erreur de la part du réalisateur, qui ne savait manifestement pas comment finir. Ma note n'est pas plus haute pour cette fin étrange, qui dénote du reste d'une histoire crépusculaire.
Pour autant, cette première partie incroyable, le talent à la caméra d'un réalisateur qui développe enfin correctement ses sujets et fait passer de vraies émotions (là où Jordan Peele échoue souvent, comme dans Candyman) mérite une bien meilleure note générale.