C'est subversif ! Attention, ta moralité va en prendre un coup ! A avoir de l’empathie pour des monstres on en devient un soi même! ...
Mon cul sur la commode, ce film est un immense échec.
Commençons par ce qui saute aux yeux, la réalisation. Cette dernière est crade au possible; une image granuleuse, de la caméra épaule donnant un aspect docu (voir amateur), des mouvements et plans tremblotant, des décors poussiéreux...
Bref c'est pas mal du tout, on sent l'hommage aux nouvel Hollywood, et cette mise en scène colle plutôt bien au thème : Suivre des marginaux accomplissant des monstruosités. On regrettera cependant la présence de plans-grue beaucoup trop lents et précis dans leur exécution au vu du reste de la réal. Ils insèrent une dimension plus classique (à savoir: "je fais mon petit plan d'illustration en faisant bouger la caméra verticalement pour montrer le décors au spectateur") et rompt avec l'idée d'un point de vue à échelle humaine prit dans l'action. Mais bon passons, le vrai motif de meurtre, c'est le montage.
Là il faut m'expliquer cette merde. 4 plans.... 4 plans d'affiler (durant chacun 1,5 secondes) sur une meuf qui dort... "Une multitude de plan n'apportant aucune information par rapport au précédant", j'ai ici nommé le défaut qu'on se trimbalera continuellement durant tout le film. C'est comme si le réalisateur répétait 4 fois, en parlant très vite : "Elle dort. Elle dort. Elle dort. Elle dort". Nan ! Si tu veux montrer qu'elle roupille, tu nous fais un plan sur elle, et si tu veux montrer qu'elle est plongée dans un sommeil profond tu laisse durée ton plan sur plusieurs secondes. Cette façon de sur-cutter à tout va pour donner une illusion d'urgence et de vitesse, ça revient à défoncer le rythme interne de tes plans, à ne pas donner au spectateur le temps de ressentir autre chose que cette illusion de rapidité et à te paraphraser continuellement.
Ce qui donne ça force à une coupe c'est ça nécessité.
Donc, après un premier gun fight monté sous acide, on a droit à l'évasion de nos deux "héros", plan large, il évolue dans le cadre, on respire, sentiment de liber... Ah non, désolé on a déjà coupé sur un plan plus rapprocher... Parce que pourquoi faire des pauses pour laisser le spectateur avoir une émotion (tel que partager le soulagement des personnages) quant on peut accélérer le rythme artificiellement même dans les scènes calmes ?
Hormis ça, on a quant même droit à un gimmick récurrent d'arrêt sur image, et des passages de musiques country introduisant un début de feeling "Road movie" et "amerique white trash". On notera aussi la scène finale qui sans être mémorable, réussi son petit effet à coup de flash back crasseux, et gros plans encroûtés de sang. Cette dernière aurait quand même gagnée en intensité, par sa tentative d'héroïser nos protagonistes, si l'humanisation des Firefly dans le reste du film avait fonctionné.
Abordons maintenant la promesse de "The Devil's Rejects", suivre les pires enfant de salauds que cette terres est portée, tout en ayant de l'empathie pour eux.
Ça fonctionne pas, la faute au montage, on en a déjà parlé, qui n'installe jamais de moment de pause, ne fait jamais durer les plans sur les visages, nous permettant d'éprouver de l'empathie pour ses raclures.
On a droit à deux scènes, censées les humanisés; la glace dans la camionnette et la rencontre avec le maquereaux. Au final, ça se résume à deux trois blagues, quelques lignes de dialogues humoristiques. Et sérieux ? Le tour est joué ? On se met à les aimer malgré tout ce qu'ils ont fait ? Il aurait fallu approfondir leurs relations; montrer des moments de complicité, des non-dits compensés par des petits gestes volés...
Bref, ne pas en forcément en faire un drame familial (quoi que ?), mais humaniser justement un peu ces personnages. Ne pas se contenter de nous donner deux scènes "rigolotes" de trois minutes maxi. On ne ressent pas que ces enfoirés on un cœur; qu'ils doutent, hésitent, aiment, encaissent comme tout le monde...
Vous voulez un exemple de film qui questionnent vraiment votre moralité ? Regardez Dogville, Orange mécanique, Les Affranchis, Scarface, Le Parrain, Taxi Driver, Les Sopranos, Breaking Bad... Là vous éprouvé de l'empathie pour des personnages amenés à commettre des actes odieux, questionnant vraiment votre rapport à la morale. Le meilleur exemple : "C'est arrivé près de chez vous". On suit un meurtrier, qui se trouve être un gars assez seul, n'arrivant pas a noué de relations sociales. Le mec à beau être un immondice, il est aussi profondément touchant. Mais il n'y a pas que dans le traitement du personnage principal que "C'est arrivé près de chez vous" surclasse "The Devils Reject" mais aussi dans les choix de traitement scénaristique. En effet, nous faire éprouver de l'empathie pour un connard qui souffre c'est un chose, mais nous donner à voir une scène de viol comique avec Benoit Poelvoorde flegmatique c'en est une autre. Là, on est vraiment dans le malsain. Parce que, certes, la scène est drôle, mais il reste qu'elle nous montre un viol. Alors on peut rire de tout ? J'ai aucune considération pour les victimes de viol si je me marre ? Je rigole du meurtrier ou des atrocités qu'il commet ? ... Ça, c'est que j'appel du questionnement moral et c'est précisément ce que le film de Rob Zombie échoue crassement à évoquer.
Ah et pour le côté gore. Mis à part les tripes répandues sur la route (suite à un accident de camion complètement ridicule : Pourquoi elle retire pas son p***** de masque ?) le film est assez gentillet, et élude avec pas mal de hors-champs.
En conclusion, je penses surtout que l'engouement autour de "The Devil's Rejects" vient du fait qu'après "La maison des milles morts" le publique s'attendait à un autre film d'horreur lambda, les Firefly devant incarner une fois de plus les antagonistes principaux.
Le film a donc surprit, en suivant ces méchants qui deviennent victimes (à la toute fin), tentant même de les humaniser à quelques reprises.
Mais honnêtement, en s'y penchant à nouveau 12 ans après, le métrage n'est pas à la hauteur de sa légende. Sur le papier, l'idée est hyper alléchante, mais l’exécution est ratée. Un des rares projets de remake qui aurait une véritable pertinence.