L'éco-terrorisme, un bon sujet encore peu traité au cinéma, est au centre de "The East", petit film plus qu'honorable passé largement au dessous des radars de la critique et du public. En accusera-t-on le méchant lobby des multinationales qui ne voudraient pas que cette histoire, très crédible, de retournement d'agent secret progressivement convaincu du bien fondé des opinions des militants écolos, n'en révèle trop sur leurs mauvaises et sur la collusion avec les politiques, voire les médias ? Ce serait aller trop loin, mais "The East" mérite mieux que cette omerta : son scénario habile évite bien des poncifs, même s'il trébuche finalement sur une sorte de happy end angélique qui voudrait qu'il y ait une improbable troisième voix entre complicité tacite et activisme illégal ; l'absence d'acteurs trop connus, hormis Ellen Page et Patricia Clarkson, joue la plupart du temps en faveur de la crédibilité du film, même si l'on regrette le manque de charisme de Alexander Skarsgaard, qui ne nous aide guère à adhérer aux croyances de ces terroristes modernes. Au final, malgré une réalisation trop platement conventionnelle pour tirer vraiment le meilleur de son ambitieux sujet, "The East" est tout de même ce que l'on appelle un thriller psychologique convaincant, une réussite certes mineure, mais indiscutable. [Critique écrite en 2013]