Eco-terroristes, vraiment ?
Je n'aurais sans doute pas dû en attendre autant mais le pitch m'intéressait et la bande-annonce, plutôt habile, m'avait fait espérer un peu plus qu'un ramassis de clichés où :
- l'on qualifie abusivement d'anarchistes un groupe de bisounours à tendances écolo-grunge et aux prétentions humanistes/idéalistes un peu trop dégoulinantes de bons sentiments. Le principe était pourtant intéressant - rendre oeil pour oeil, exposer les mensonges, se faire un mélange de Greenpeace/Wikileaks/Anonymous...- mais le devient beaucoup moins quand on se rend compte que, loin de vouloir tomber de grosses multi-nationales visées par les "jam" du groupe pour des raisons complètement humanitaires, chaque "coup" reflète une vengeance personnelle, qui dégrade, à mes yeux, le message militant de The East.
- l'héroïne, une fille intelligente et débrouillarde, est la victime d'un syndrome de Stockholm caricatural ("je vais tomber amoureuse du leader pseudo-dangereux que je dois surveiller") et oublie tout recul critique vis à vis de la cellule qu'elle observe et des personnages qui l'entourent. Sans scène de sexe, sans développement sentimental, son empathie pour les convictions de The East aurait été bien plus intéressante, ainsi que ses réflexions sur "les valeurs" du terrorisme et son revirement final (qui aurait mérité plus qu'une suite de flashs dans le générique).
- le développement des personnages est soit inexistant, soit agaçant : beaucoup de scènes inutiles qui apportent peu de profondeur et ne servent qu'à brasser des clichés (non mais tu comprends, j'ai perdu mes parents et me suis retrouvé riche et aimé juste pour mon argent, alors j'ai préféré brûler mon manoir et changer le monde dans l'ombre... Bruce Wayne, sors de ce corps !)
- le développement des raisons d'être de The East laisse à désirer : comment les membres se sont-ils connus ? Pourquoi ce nom (à part pour jouer vaguement sur un inconscient collectif du communisme et du bloc faisant face aux vilains capitalistes aigris qui pratiquent, en bureaucrates avides de profit, le Mal sur des populations opprimées et innocentes...), à part pour faire un plan banal sur une boussole design ? Quand sont-ils apparus ? Alors que le sujet du film est une enquête sur ce groupuscule et les menaces qu'ils profèrent, on démantèle bien peu le fonctionnement de cette micro-société (à part pour en montrer le côté un peu hippie - le pouvoir aux plantes !). Une infiltration bien ratée...
Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de non-manichéen... Le sujet valait mieux qu'un divertissement bancal.
Si vous voulez lire un bon roman sur l'éco-terrorisme à vertus humanistes, jetez-vous plutôt sur "Demain une oasis" d'Ayerdhal. C'est un bon page-turner aux concepts infiniment plus intéressants et fouillés !