Il y aurait un billet entier à écrire sur ce film. Pas tant sur le film lui même mais sur les questions qu'il traverse.
La première heure est mauvaise. Tout simplement. La caméra n'est pas maitrisée, elle bouge sans arrêt. Et les propos n'arrivent pas à être percutant. Ce film se veut politique. Cela se sent. Il n'y a pas de distance prise avec la doctrine. Et cela fait peur pendant la moitié du film. On s'en demande l'intérêt. On se prend à regretter "Buongiorno, notte". D'autant plus que l'argument reste pauvre, les paroles peu convaincantes alors que les discours devraient déranger les bobos de MK2.
Puis il y a cette prise d'otage. Et le déséquilibre se produit. Une période d'incertitude. Jeux d'adolescents puérils ou action terroriste sans retour. L'anarchisme pacifique de Proudhon contre anarchie violente de Bakounine. On s'interroge sur la voie qui sera choisi. Ce sera l'enlèvement. Puis peu à peu, les tensions s'apaisent, les personnages se domptent, l'humour rentre dans ce huit-clos. La scène que l'on attend vient enfin, affrontement idéologiques entre le capitaliste ex-gauchiste saucissonné, et les jeunes idéalistes et pauvres. Sont exprimés les renoncements de l'un, les incohérences des autres. Mais ce film est manichéen. L'otage est un gros riche de droite, qui amassent les millions sans savoir les dépenser, ayant perdu ses idéaux et dont la rédemption ne viendra pas. Les ados sont mignons rebelles, des militants convaincus, des pauvres oppressés par le pouvoir de l'argent.
Au final ce film, trop mazdéiste pour être percutant, aurait pu être excellent. Une très bonne deuxième partie qui obvie à peu près la première, mais dont la subtilité est gâchée par la conclusion.