The Empty Man
5.9
The Empty Man

Film de David Prior (2020)

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Un film d’angoisse qui parvient plus ou moins à son but par des biais plus ou moins originaux. Il serait injuste de sous-qualifier The Empty Man comme un film d’horreur parmi d’autres ; il ne parvient jamais, cependant, à atteindre son apothéose, bien qu’il parvienne plusieurs fois à la frôler du doigt. Au cinéma, le film doit être réellement oppressant, surtout par son ambiance sonore très travaillée bien que parfois trop fournit et agressive pour les tympans. J’ai retiré mon casque Dolby parce que j’avais l’impression de me faire attaquer les oreilles. Les plans sont plus que corrects, bien qu’il n’y ait aucune prise de risque, ça reste maitrisé et le réal sait tout de même ce qu’il fait.

On a l’impression désagréable que le scénario est complètement improvisé jusqu’au milieu du film, où il effectue un brusque changement de direction, tant dans l’ambiance jusqu’alors mise en place que dans l’histoire qui semble enfin se trouver d’un seul coup. De plus, le film est long pour un film de genre (plus de deux heures tout de même, sans que ça soit réellement justifié). Le rythme de The Empty Man est très saccadé. Des scènes entières auraient mérité d’être coupées, ou au moins cutées. Les transitions ne sont pas toujours fluides. Le film confond souvent oppression, mystère, et lenteur, en particulier dans ses premières parties.

Il offre cependant quelques images véritablement terrifiantes, sans user à proprement parler de jumpscares (il use du sursaut, comme tous films d’horreurs, mais n’en fait pas son cœur). S’il est gore-soft par moment, gore-medium à d’autres, ce n’est clairement pas le propos du film. On se demande, d’ailleurs, un peu tout du long, quel est le propos du film.

Il est par contre appréciable de suivre un personnage principal qui mène l’enquête en solo durant tout le film. On accrochera au personnage pour son bon sens et son intelligence, sans qu’il paraisse héroïque ou invincible. L’acteur apparaît parfois un peu perdu sur l’écran, ne sachant trop comment se tenir, mais je ne sais si c’est dû à l’acteur ou à la direction d’acteur qui lui aurait demandé d’adopter ce comportement.

Le gros reproche que j’adresse au film, c’est qu’il est très confus. Les séquences semblent parfois sans aucun lien, voire, tirées de plusieurs films différents, tant l’ambiance change. Le film se prend au sérieux, mais il est extrêmement difficile à suivre. Des pistes de scénarios sont lancées avant d’être complètement diluées par d’autres pistes qui sont lancées dans d’autres pistes encore, et au final, assez peu sont résolues. Comme si le film oubliait progressivement sa propre histoire, ce qui coupe l’envie de s’intéresser au scénario, et c’est très dommage puisqu’il est passablement intrigant dans toute sa première partie (qui est pourtant la plus faible et franchement lente par moments) avant de devenir un peu loufoque. Il met en place, par exemple, un système de temporalité, qui laisse supposer que le film va se focaliser sur ce qu’il montre en gros sur l’écran : Day 1, Day 2, Day 3. Il le fait effectivement, sauf que le film se permet des ellipses étranges, qui donnent carrément la sensation d’être revenu en arrière dans la chronologie des évènements, quand en réalité on avance. Conjugué à des microflashbacks et des micros-prédictions d’une seconde incessants, il est difficile de se situer temporellement.

La césure vers la partie occulte est plus ou moins bonne, bien qu’elle offre un dialogue réellement intéressant entre le héros et un des méchants, qui se permettent des propos pas stupides sur Nietzche et le concept de vérité. Il est si dommage d’avoir la sensation que le film ne sait jamais où il va vraiment. Il touche un peu tout sans vraiment consacrer un thème plus qu’un autre. Tout se mélange quelque peu, voire beaucoup, et ça alourdit le film et il commence vraiment à devenir long juste avant le final, où il repart au quart de tour. Encore une fois, un rythme saccadé. Car c’est dans le dernier quart d’heure que le scénariste s’est souvenu de son introduction et on dirait qu’il s’est forcé à trouver une fin qui fait tout pour la justifier, sans réellement y parvenir. C’est du gâchis, car le scénario propose tout de même des choses intéressantes. On sent une boucle un peu forcée, et avec les sectes occultes, on peut faire ce qu’on veut. Il s’agit toujours de l’avènement d’une sorte de Dieu du Néant qui viendrait libérer l’Homme de ses entraves humaines… The Empty Man cela dit, propose un revirement de situation que chacun appréciera selon son immersion dans le film. On l’adorera ou on le détestera. Personnellement, je lui reconnais d’avoir été au bout de son délire, et il faut admettre que le final est de loin la meilleure partie du film. Bien que je trouve qu’il finisse en queue de poisson avec un goût de « …et donc ? » au moment des crédits. Pour être honnête, c’est d’ailleurs à ce moment seulement que j’ai découvert qu’il s’agissait d’une adaptation d’un comics, mais j’ignore totalement si le film est respectueux de l’histoire originale. Le réalisateur était en charge du scénario. Ce donc pas l’adaptation que je critique, mais le film de façon indépendante.

Malgré ses incessants changements de direction, le film propose malgré tout quelques bonnes scènes, comme la séquence dans la forêt, qui, sans être originale, est réellement angoissante, en particulier au cinéma. Je pense d’ailleurs qu’il y a deux moments en particulier où, si j’avais vu le film au cinéma, j’aurais détourné le regard, mais pas tellement par peur, mais plus par dégoût (auto-mutilation, pendus, cadavres, flashs épileptiques).

Je ressors de ce film en l’oubliant déjà en grande partie. Ce n’est ni un bon ni un mauvais film. Il n’est pas forcément agréable à regarder. Il est dans l’entre deux, car si je devais résumer The Empty Man en seul mot, ça serait celui-ci : bancal.


Virka
3
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le 10 janv. 2023

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