(Risque de spoilers)
Le réalisateur, Tarsem Singh, choisit de filmer les premières scènes en noir et blanc, au ralenti, le tout magnifié par une musique, la 7ème symphonie de Beethoven.
"Je voulais du chaos mais peu d'énergie ce qui traduit bien un accident".
Puis l'histoire se poursuit dans un hôpital de Los Angeles en 1920. L'accident évoqué a eu pour conséquence la blessure grave de Roy, un cascadeur, qui se lie d'amitié avec une petite fille, Alexandria, elle aussi blessée et qui s'ennuie profondément. L'émotion qui se dégage de cette relation et qui transpire l'authenticité, est dû en grande partie à la complicité et au talent de ces deux comédiens. Pour distraire la fillette, Roy va lui raconter les aventures de 5 héros qui s'allient pour venir à bout de l'infâme gouverneur Odieux. Son imagination va lui permettre de replacer dans l'histoire des personnages qu'elle croise quotidiennement au sein de l'hôpital. Ce récit va nous faire voyager dans plusieurs pays, dans des décors naturels, et l'on découvre de somptueux paysages d'une beauté presque irréelle : des palais indiens, des îles paradisiaques, des déserts et bien d'autres endroits d'une beauté époustouflante.
En échange, le jeune homme va demander à Alexandria d'aller lui chercher des cachets de morphine dans la pharmacie de l'hôpital lui expliquant qu'il en a besoin pour dormir. Mais la réalité est bien différente : il souhaite se suicider suite à une déception sentimentale et il est parfaitement conscient de son état de santé qui ne lui permettra plus de réaliser des cascades.
Chacun semble utiliser l'autre pour obtenir ce qu'il veut.
Le thème de l'enfance est abordé avec beaucoup de réalisme et de délicatesse :
la peur de braver les interdits mais la joie de l'avoir fait, l'innocence, les gestes puérils mais tellement émouvants, notamment lorsque Roy avale des cachets pour en finir, il en fait tomber un qu'elle lui repose délicatement dans la main.
Plus le récit avance, plus il devient sombre et destructeur ce qui pousse la fillette à intervenir directement dans l'histoire car elle refuse la vision trop pessimiste de Roy.
Plusieurs univers se confrontent : l'imaginaire et le réel, le monde de l'enfance et celui des adultes, le noir et le blanc dont j'ai parlé qui semble "encadrer" ce film en opposition avec les couleurs flamboyantes des costumes, des différents paysages eux-aussi colorés.
Le spectateur peut envisager la fin du film comme il le ressent : très pessimiste ou au contraire partager l'optimisme d'Alexandria qui croît reconnaître Roy exécutant des cascades dans tous les films qu'elle voit de Chaplin, de Keaton (mais au fait il réalisait lui-même toutes ses cascades ! Mais quand la légende est plus belle que la réalité...). Ce qui la remplit de joie et de bonheur. Je partage la vision de cette petite fille qui est très convaincante et cela me rend heureuse également. Et vous ? Quelle fin avez-vous choisie ?