Les premiers retours français promettaient l'apocalypse, et surtout la fin d'un genre qui n'a plus rien à raconter, à l'instar d'Ecran Large, dans une unanimité virulente.
Je vous propose pour ma part de relativiser quelque peu cet acharnement thérapeutique.
Tout en étant aussi réaliste.
Car The Flash, il faut le reconnaître, est bourré de défauts, parfois même rédhibitoires en 2023. Le fait qu'il bouffe à tous les râteliers du genre ne sera pas le moindre, tout comme les références, où les scènes "à la manière de..." ou "comme dans..." impossibles à rater, même pour celui qui ne s'intéresse que de loin au genre honni.
C'est tout le problème de la première scène spectaculaire du film, qui en plus, compile toutes les autres tares de l'entreprise. The Flash souffre en effet de l'embouteillage sur l'autoroute du super-slip qui a déjà mis en scène l'ensemble de ses capacités. Car cet hôpital qui se casse la gueule, des films comme Spider-Man 3 l'ont déjà mis en image, en virevoltant avec grâce entre les débris en suspension. Ou encore la deuxième génération des X-Men qui, via Quicksilver, offrait à chaque fois une scène de sauvetage analogue, mais en plus spectaculaire et cool.
Ajoutez à cela un humour bien lourd et des effets spéciaux à la ramasse dès lors qu'ils touchent à l'humain, et l'on se demanderait presque dans quel enfer on s'est à nouveau embarqué.
Car non content de ses défaut, The Flash a été monté comme un assemblage maladroit de trois films : une pseudo-mini-suite à Justice League, un buddy movie idiot, et pour finir, une tentative maladroite de s'inscrire dans les pas de Endgame et d'un No Way Home qui éviterait d'ouvrir sa SPA du super-vilain.
De plus en plus réjouissant, ton truc, Behind... Encore un canard boiteux qu'il vaudrait mieux abattre.
Oui. Mais non.
Car si le fan service a exactement le même but servile que dans No Way Home, il faut reconnaître que revoir Michael Keaton dans le costume de Batman a de quoi foutre les poils... Même s'il est introduit comme un gros clodo qui bouffe des pâtes dans un manoir ouvert à tous vents. Sauf que Michael sauve les meubles et affiche exactement le même charisme qu'il y a trente ans. Chapeau l'artiste.
Et puis, Andy Muschietti et ses trois scénaristes ont lancé quelques idées en l'air et qui s'avèrent séduisantes, comme une escapade en Sibérie rafraîchissante qui rappellera l'argument de Superman : Red Son. Tandis que le dilemme de Barry Allen pourra arracher quelque émotion dans sa dimension intime.
Tout cela porte à l'écran un film qui marche dès lors qu'il abandonne son humour idiot au profit de la dramatisation de ses enjeux, ou encore l'illustration d'idées parfois fantasmatiques et d'images que l'on aurait cru reléguées pour l'éternité dans l'inconscient pop culturel.
Et même si la maladresse dans l'exécution de cette entreprise bancale est parfois confondante, le masqué a eu la faiblesse de ressentir une affection pour ce qui se cache derrière : la volonté (sincérité ?) d'un réalisateur qui essaie de ne pas totalement abandonner les commandes, de porter à l'écran quelques idées de mise en scène, voire de déjouer tout simplement certaines attentes.
Car s'il était prophétisé de longue date un reboot de l'univers DC Comics au cinéma via un pseudo Flashpoint, The Flash décide... D'écarter cette facilité et de ne rien en faire. Et d'admettre qu'un héros n'a parfois aucune solution au problème qui se pose à lui.
Démission ultime ? Aveux même pas déguisés ? Doigt d'honneur punk lancé à la gueule du (pseudo) fan ?
Le masqué ne saurait répondre pour le moment. Mais il vous dira que, même frustré, même interdit devant un humour parfois au trente-sixième dessous, il n'a jamais détesté ce The Flash qui, à l'évidence, ne sera jamais le film du mois, mais une entreprise étrange, à la gestation compliquée, figurant la collision entre réalité mercantile, fantasme et nostalgie. Soit une des plus pertinentes mises en image de notre monde moderne dès lors qu'il se pique de parler de cinéma.
Behind_the_Mask, t'es OK... T'es Bat ?... T'es in...