Disons-le tout de suite, je ne suis pas un fan de Wes Anderson en général. Son style visuel reconnaissable entre tous a ses inconditionnels: son obsession de la symétrie, son goût pour les couleurs pastel, sa mise en scène distanciée qui nous rappelle que nous assistons à une représentation artificielle de la réalité--mais je ne suis pas de ceux-là et je n'ai même pas été tenté de voir plusieurs de ses films.
Et, paradoxe, c'est justement ce film, celui où il s'adonne avec le plus d'excès à tous ses tics, celui qui a déçu nombre de ses fans parce qu'ils ont eu l'impression que, tout à son souci du détail, le réalisateur oubliait de créer une quelconque émotion, qui m'a vraiment plu. Pourquoi, alors que tant de spectateurs fidèles de son oeuvre sont restés sur leur faim, j'ai personnellement apprécié cette débauche de maniérisme? Peut-être parce que c'est justement ce que j'en attendais? Peut-être parce que j'ai été sensible à la subtile alchimie résultant de tous ces ingrédients soigneusement dosés, au montage méticuleux d'une mécanique bien réglée qui crée de la folie avec de l'ordre? Ou peut-être parce que je suis fan de longue date du New Yorker dont le French Dispatch est un... dis-pastiche avoué.
Au passage, un détail qu'aucune des critiques lues dans la presse ne semble avoir relevé: le chef cuisinier Nescaffier a les traits de Tsugouharu Foujita, artiste japonais expatrié en France.