Game over?

Hanté par le fantôme d'un père s'étant suicidé alors qu'il n'était qu'un enfant, Nicholas von Orton est un banquier d'affaire aussi riche que sa vie est froide et morose.

À l'orée de son 48ème anniversaire, âge auquel son père s'est donné la mort, il reçoit de son frère un coupon lui offrant les services d'une mystérieuse société appelée CRS (Consumer Recreation Service). Après s'être présenté au siège de ladite compagnie, on lui apprend que ce coupon lui donne l'opportunité de participer à un jeu, "The Game", avec la promesse d'une expérience sensée changer sa vie. Alors que Nicholas accepte de se plier au jeu, il est loin de se douter que ce dernier va rapidement faire tourner son existence apathique au cauchemar.

Attaché du début à la fin du film au point de vue de Nicholas, nous plongeons progressivement dans les méandres de ce jeu de piste en tentant de lire les indices qui se dérobent avant même que nous soyons capables de démêler le casse-tête. On se rend compte en même temps que Nicholas que l'énigmatique compagnie CRS semble aussi omnisciente qu'omnipotente.

La chanson White Rabbit de Jefferson Airplane, qui tonne au sein du manoir saccagé du protagoniste, donne le la: Nicholas a glissé dans le terrier du lapin blanc et dès lors, les règles de son monde n'ont plus cours. Plus aucune personne, inconnu, connaissance ou proche ne semble digne de confiance. Alors qu'il tente de résister face au courant inarrêtable des évènements qui s'abattent contre lui, c'est la réalité diégétique même du film qui semble se craqueler sous nos yeux. Les lieux cachent des décors factices, les personnages retirent leurs masques pour se révéler acteurs, les dangers pourtant si menaçants se révèlent être des trucages, des illusions.

Et alors que Nicholas semble finalement trouver une échappatoire à ce maelstrom, on se rend compte que la paranoïa de "The Game" a transpercée l'écran pour venir insidieusement se loger dans notre esprit. La partie est pourtant belle et bien terminée.

N'est-ce pas?...