Nicholas est un riche homme d'affaire impitoyable, froid, et asocial. Pour son anniversaire, son frère lui offre un "jeu" mystérieux. Nicholas n'en comprendra pas vraiment ni les règles ni l'objectif, mais il va vite se rendre compte que sa propre vie est chamboulée, voire menacée !
Sur le papier, "The Game" n'est pas loin d'un thriller générique comme les années 90 nous en ont produit à foison. Ce qui le différencie de la compétition, c'est d'abord son traitement. Le film bénéficie de la grande maîtrise de David Fincher, qui parvient sans mal à instiguer une ambiance froide et sombre à travers moult petits détails (les intérieurs luxueux mais totalement dénués de personnalité, les sons isolés dans la grande demeure...). Puis à faire évoluer son film vers un thriller tortueux à souhait.
Car l'intérêt de "The Game" (du moins à la première vision) c'est que ni le protagoniste ni le spectateur ne sait vraiment dans quoi il met les pieds. Les explications autour du jeu faisant office de mise en abîme, s'adressant aux deux. Le scénario et la mise en scène joueront avec ces doutes. Les événements sont-ils authentiques ou orchestrés ? A quel point les organisateurs du jeu sont-ils infiltrés ? Leur but est-il vraiment une aventure psychologique comme ils le prétendent, ou une grosse arnaque mortelle ? Tant de pistes qui seront allègrement exploitées.
On appréciera aussi le traitement du protagoniste, incarné par un Michael Douglas en forme, qui parvient à rendre cet ersatz de Gordon Gekko intéressant à suivre, car plus profond qu'il n'y parait. Même s'il est infecte et glacial, on comprend rapidement que cela vient de la peur de reproduire un schéma paternel mortifère qui l'a marqué à vie.
Il est aussi amusant de relever que "The Game" est sorti à une époque où déferlaient des films où un protagoniste doit s'extirper d'un monde illusoire ("The Matrix", "Dark City", "The Truman Show"...). L'originalité étant ici que c'est en se confrontant à des stratagèmes et des illusions que notre héros reconnecte peu à peu avec la réalité humaine qu'il avait délaissé au profit de sa tour d'ivoire.