L'amnésie sélective peut sauver un film

The Game nous fait suivre un riche solitaire guindé qui a oublié de s'amuser depuis le suicide de son père. Menant une vie bien fade, il décide sur un coup de tête d'écouter son frère et de participer à un jeu dont il ne connaît rien. On lui explique qu'il s'agit d'une sorte de jeu de rôle grandeur nature dont les objectifs se manifesteront d'eux même, sans qu'il sache quand. Il ignore totalement en quoi consistera la partie.

C'est bien là la grande force du film : il rend curieux. On a envie de savoir ce qui attend le héro. Le suspense est bon, le film sait se faire désirer sans mettre trop de temps à s'installer. On a un sentiment de malaise à l'idée qu'il y a absolument n'importe quoi qui peut arriver au personnage, à n'importe quel moment. On se met à douter de tout. Le reste, il veut mieux s'abstenir d'en parler.

David Fincher sait faire des thrillers et il le prouve une nouvelle fois. Son film a tous les atouts pour plaire... à condition de considérer que les 5-10 dernières minutes n'existent pas. Car la toute fin du film est absolument lamentable et salope tout notre plaisir. On dirait que Fincher s'est disputé avec les producteurs au sujet de la fin et qu'ils se sont arrangés en mettant leurs idées communes, en dépit de toute cohérence. J'ai adoré quasiment tout le film, donc ma note me paraît justifiée. Mais il faut absolument tâcher d'oublier ces dernières minutes, faire comme si elles n'existaient pas. Il faudrait une version Director's Cut qui dégagerait la dernière scène du film, ce qui en ferait un Director's Cut plus court que le film original. Pour ma part j'ai réécris le film dans ma tête pour pouvoir l'apprécier, et c'est bien la première fois que je fais ça.