Il y a peu de sentiments aussi agréables et satisfaisants que de découvrir que, malgré des années d’expérience au sein de l’industrie cinématographique et après une filmographie extrêmement fournie, un artiste n’a rien perdu de sa verve ou de sa fougue juvénile. Car avec The Gentlemen, Guy Ritchie, 51 ans, démontre une fois de plus l’étendue de son immense talent, là où certains, après des années d’errances, le voyaient déjà comme un réalisateur sur lequel il ne fallait plus compter. En effet, il aurait été tentant, après avoir enchainé The Man from U.N.C.L.E., Le roi Arthur et Aladdin, de crier sur tous les toits que l’ancien enfant terrible du cinéma anglais était bel et bien passé du côté de la facilité et de la réalisation mercantile de longs métrages à gros budgets destinés soit à l’échec commercial, soit à l’échec critique. C’était sans compter sur The Gentlemen.


Avec cette douzième réalisation, Ritchie revient donc au genre qui l’a fait connaitre, bien loin du blockbuster calibré. Ici, tout comme dans Lock Stock and two Smocking Barrels ou Snatch, le réalisateur britannique nous propose une intrigue volontairement complexe bourrée de personnages hauts en couleurs, à base de mafieux, de gangsters chinois, d’aristocrates anglais ou d’adolescents héroïnomanes. Le déroulement des événements est d’ailleurs exposé de façon plus ou moins linéaire, étant donné que la majorité de ces derniers sont racontés par un Hugh Grant au sommet de son art via une longue discussion nocturne entre lui et le personnage de Charlie Hunnam, permettant ainsi à Guy Ritchie d’imbriquer plusieurs histoires initialement difficilement raccordables.


C’est d’ailleurs cette qualité d’écriture inhérente aux productions de ce dernier qui permet au spectateur de tout comprendre instantanément, et ce malgré une grande densité narrative assez repoussante et rébarbative au premier abord. Chaque personnage a ses propres enjeux, ses propres adversaires et son propre caractère, que l’on cerne assez rapidement grâce au charisme de chacun d’entre eux, allant de la force à la fois brutale et tranquille de Matthew McConaughey à la ruse de Hugh Grant, en passant par un personnage de bras droit incarné par un Charlie Hunnam tentant tant bien que mal de conserver un brin de calme dans cette escalade de tension et de violence, violence qui est d’ailleurs au rendez-vous, ce qui ravira les fans de la première heure. Ajoutez à cela une mise en scène ingénieuse, un humour qui fait mouche, une mise en abyme du cinéma intelligemment installée ainsi qu’une bande son entraînante et vous obtenez un film qui saura satisfaire les néophytes comme les amateurs de cinéma britannique.


Pour conclure, on peut donc dire que ce long métrage marque donc le retour en grâce d’un Guy Ritchie que nous n’avions pas vu aussi en forme depuis bien des années, nous proposant un film d’une qualité d’écriture rare et doté d’acteurs talentueux capables de tenir en haleine le spectateur jusqu’au générique de fin, malgré un scénario complexe raconté de façon non-linéaire. En espérant que The Gentlemen ne soit pas un faux espoir, mais une vraie promesse de renouveau de la part du réalisateur, qui amorcerait paradoxalement cette transition vers l’avenir par un retour aux sources de son cinéma.

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le 9 févr. 2020

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Louis Perquin

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