Presque bon mais bien trop tardif
Et nous voilà repartis pour la 457ème licence pour adolescents propulsée au cinéma ! Après Harry Potter, Twilight, Hunger Games, Mortal Instruments, Les Âmes Vagabondes, Percy Jackson, Divergent, Le Labyrinthe et Vampire Academy (j'en oublie sûrement), voici venir The Giver (le Passeur).
Sachant à quel point j'ai vomi sur Divergente plus tôt cette année, et au vu de la grosse ressemblance du scénario du Passeur avec ce dernier (une société hermétique, coupée d'un monde qu'on suppose post-apocalyptique, divisée en fonctions prédestinées, attribuées lors d'une cérémonie), nul besoin de préciser à quel point j'avais le couteau entre les dents en allant voir The Giver.
Sauf qu'à l'instar du Labyrinthe, ce n'est pas si mauvais. C'est peut-être même le meilleur teen-movie depuis Harry Potter. Je m'explique.
Déjà, je ne peux pas m'énerver sur le matériau de base en criant à la copie commerciale d'une énième dystopie pour ados, puisque le roman d'origine, Le Passeur, de Lois Lowry, est sorti en 1993 ! Donc on peut dire que c'est un des pionniers de ce genre littéraire, et que c'est plutôt les Divergente et consorts qui s'en sont inspirés. De plus, le roman a été parfois jugé inapproprié pour un jeune public, donc on peut penser qu'il n'était pas lisse comme la daube que l'on produit à la chaîne en ce moment.
Bon ça c'est pour l'histoire, mais là où ça devient intéressant, c'est d'un point du cinématographique : The Giver bénéficie globalement d'une bonne réalisation. Là où tous les autres étaient tournés comme un épisode de série de deux heures avec un gros budget, The Giver a visiblement l'ambition d'avoir une identité visuelle, et il y parvient. Déjà par le jeu des couleurs, qui sont supposés être abolies dans ce monde, ce qui fait que le film commence en noir et blanc (ce qui en soit est déjà culotté). Mais aussi par certains cadres choisis : il y a par exemple en début de film un plan zénithal assez magnifique du héros dans la neige.
Donc on sent un effort de la part des équipes du film, ce n'est pas un travail de sagouin sans âme et sans substance, ce qui fait qu'au final on rentre plutôt bien dans le film et que l'heure et demie passe assez vite.
Maintenant, le film est loin d'être parfait. Car il conserve les défauts qu'on retrouve à chaque fois dans ce genre de production : à commencer par ce que j’appellerai le syndrome "The CW". The CW, pour les deux du fond qui n'ont pas suivi, est LA chaîne pour ados américaine par excellence : on y retrouve les séries Arrow, Flash, Vampire Diaries, The Hundred, Beauty and the beast...
Ces séries ne sont d'ailleurs pas nécessairement mauvaises, simplement il y a un truc qui m'horripile à la longue : le casting reproductible. On retrouve dans ces séries et dans les teen-movies toujours les mêmes physiques-types pour les héros et les personnages secondaires : toujours des ados plutôt beaux gosses mais avec un physique absolument oubliable parce que il y en a 8000 comme eux à la télé. Où sont passées les vraies "gueules" ? Les physiques qui marquent les esprits ? Pourquoi faut-il toujours que ce soient des profils de figurants pour publicités Yop ? Depuis Harry Potter - Rupert Grint a quand même un tête qu'on retient - et à l'exception de certains costumes farfelus dans Hunger Games, et bien on a toujours le droit aux mêmes tronches. Je veux dire, prenez Logan Lerman (Percy), Dylan O'Brien (Labyrinthe) et Brenton Thwaites (The Giver), c'est exactement les mêmes gars.
Cela contribue pour moi à rendre The Giver plus lisse et conforme qu'il ne devrait l'être, compte tenu des problématiques abordées. Heureusement qu'il y a Jeff Bridges pour donner un peu de relief au casting...
Enfin bref, fermons ce volet "coup de gueule". Je passerai rapidement sur les nombreuses failles du scénario qu'il convient quand même de noter (comme pourquoi est-ce le pote du héros qui se voit confier la tâche de l'éliminer ? Le gars est absolument inexpérimenté ! ; ou encore le fait qu'ils ressentent quand même beaucoup de trucs pour un monde où ils sont censés avoir abolis les émotions), pour aborder le point suivant.
Ce film arrive bien trop tard ! Il a six ou sept ans de retard ! Résultat, il paraît faire de la redite par rapport à Divergente alors que ce dernier a pompé allégrement sur Le Passeur. Et du coup, The Giver fait un gros flop au box-office US et n'aura sans doute pas de suite quand Divergente cartonne et va nous en enfanter une funeste tripotée...
Alors que The Giver, bien qu'imparfait, méritait clairement plus un second volet... Monde cruel...