Le Nouveau Meilleur des Mondes
Je pense que l'on a d'ores et déjà trop tapé sur ce film, parce qu'il est la copie conforme de bien d'autres blockbusters. Je pense notamment à Brave New World (ou Le Meilleur des Mondes, en français), à la base un livre écrit par Aldous Huxley : on y retrouve le même système de castes où tout le monde trouve la place qui lui convient, et où les membres de cette société soi-disant idyllique ignorent tout du monde extérieur (et où ils sont également tenus en laisse par la prise quotidienne d'un mystérieux médicament/injection). Bon c'est vrai que ce film ne possède pas un scénario et un développement hors du commun !
On y retrouve l'éternel trio d'adolescents ; on y retrouve le sempiternel chef charismatique, clin d'oeil désormais un peu lourdingue aux dictateurs des années 30 à 80 en Europe (Ford, dans le Meilleur des Mondes ; Big Brother dans 1984 ; le Président Snow dans Hunger Games etc.) ; on y retrouve le héros toujours plus malin et débrouillard que les autres (ben oui, il en faut bien un !) ; on y retrouve l'inévitable romance un petit peu cucu entre le héros et sa meilleure amie, avec évidemment le deuxième mec qui est jaloux... Mais tous ces éléments forment un ensemble cohérent, pas dénué d'humour dans certains passages.
Donc, que peut-on dire de ce film si l'on oublie tous ceux qui l'ont précédé ?
Pour moi, ce n'est pas un mauvais boulot.
Le film insiste sur l'importance de la mémoire et de l'attention que l'on ne porte désormais plus aux choses toutes simples de la vie quotidienne. Le vol d'une abeille, une luge, la neige, voire même les couleurs... Nous avons oublié, dans notre société perpétuellement en action, comment regarder vraiment les choses, et il n'est pas impossible que cela nous conduise à une situation similaire à celle du film. Donc une réflexion philosophique assez différente des Divergentes et autre Hunger Games, dont le "seul" message (j'insiste évidemment sur les guillemets) c'est : la dictature, c'est pas bien ! La révolte, par contre, c'est cool !
J'ai également été agréablement surpris par la justesse du jeu des acteurs, notamment au niveau des interactions entre les personnages : entre Jonas et Gabriel (j'ai beaucoup aimé le côté grand frère que l'acteur sait très bien rendre) ; entre Jonas et son mentor, entre lui et ses amis etc.
Deux reproches à faire à ce film (pas grand-chose dans l'ensemble) :
1. C'est le problème de tous les films hollywoodiens d'aujourd'hui : le développement est trop rapide. Quelques semaines s'écoulent en quelques secondes, et la façon qu'on a de nous le faire comprendre est un peu lourde. L'apprentissage de Jonas est beaucoup trop rapide, trop superficiel. Le côté action un peu trop cliché est privilégié au détriment de toute la profondeur de la réflexion philosophique.
2. C'est ce qui m'amène au deuxième point : comparativement aux phases explicatives et presque philosophiques du premier acte, le dernier acte est beaucoup trop long. Qui s'est imaginé un seul instant que Jonas et Gabriel allaient mourir dans la neige ? Désolé pour le spoiler, mais de toute façon, je pense que vous l'auriez compris : on ne peut décemment pas faire mourir le héros et son petit frère adoptif dans un blockbuster hollywoodien ! Et puisque tous les spectateurs lambda l'ont compris depuis les premières minutes, pourquoi faire durer le suspens et perdre toute la dimension réflexive en favorisant le côté boum boum bang ?
Bref, un film sympa, divertissant, assez intéressant du point de vue de la réflexion si l'on prend la peine d'aller un peu plus loin que ne l'a fait le scénario. Une esthétique assez stylée, un jeu d'acteur irréprochable... Aller voir ce film ne serait pas vraiment une perte de temps !