J'ai bien aimé Electric Boogaloo et ce documentaire est dans sa lignée et traite du même sujet. Il a un contexte historique plus prononcé et un fil conducteur plus présent. Mais ça le rend aussi plus long (trop long ?) et moins rythmé. Il s’essouffle vers le milieu... Le point le plus positif c’est les entretiens.
C’est l’histoire de la boite Cannon. Un studio qui produisit beaucoup de films dans les années 80-90.
C’est l’histoire de Menahem et Yoram. Menahem en tant que réalisateur avait du succès dans son pays d’origine, Israël, il voulait changer d’optique et faire des films plus américains et d’atteindre le succès mondial, et donc, il partit à Hollywood avec son cousin germain Yoram qui allait gérer le côté financier de sa future boite. Vers le début, Menahem réalise une comédie musicale de science-fiction assez méconnu qui s’appelle The Apple et qui connut un échec monumental à sa sortie. Film très “américain”. Qui déborde littéralement de partout ! Vraiment kitsch et hystérique, à défaut d’être juste enjoué. Mais ça va être une constante chez la Cannon. Des films assez barrés et pleins d’enthousiasme dans la conception. Même si limités et avec parfois de la tension sur les plateaux dû à de petits budgets.
S’ensuit un film de breakdance ! Réalisé par Joel Silberg, suite à une idée de la fille de Menahem qui passait du temps à la plage et y voyait des danseurs. Menahem en sera seulement producteur, même s’il devait surement trainer sur les plateaux de tournage. Breakin’ cassa la baraque aux box-office. Il ne couta qu’un million de dollars pour engranger presque 100 fois sa somme ! La porte d’Hollywood était enfin grande ouverte pour la Cannon. Enfin, presque...
Et là... Jean-Claude Van Damme débarque ! Oui, JCVD a commencé par la Cannon. Il fit un grand numéro en plusieurs étapes jusqu’à pleurer dans un restaurant devant Menahem et se fit embaucher pour jouer dans le mythique Bloodsport. Tel qu'il est écrit dans la légende. L’anecdote est vraiment bien expliquée dans le docu par Van Damme himself before la drogue.
Ils enchaînèrent beaucoup de films d’exploitation, dont, par exemple : Death Wish 2 avec Charles Bronson, Massacre à la tronçonneuse 2, Superman IV, des comédies beaufs, des films avec fucking Chuck Norris je-mets-les-pieds-où-je-veux-et-c'est-souvent-dans-la-gueule, de ninja, etc... La Cannon va littéralement envahir le cinéma américain. Avec du pur divertissement. (Il y aura quelques exceptions avec les films respectifs de Jean-Luc Godard et John Cassavetes pour les plus connus. Et l’envie de Menahem d’avoir des prix (comme les oscars)) ... La critique était évidemment hostile à ce genre de cinéma... Menahem s’en contrefoutait ; parce que pour lui le public était le plus important. Il cherchait à faire un cinéma populaire et à plaire à un maximum de gens.
Et commença la dégringolade de la Cannon... Ils augmentèrent les budgets des films et certains cachets d’acteurs (12.000.000 de dollars pour Stallone pour un film ridicule sur le bras de fer qui n’a pas très bien marché auprès du public...) Comme ça allait mal ils produisirent encore plus de films ! S’enfonçant encore d’avantage. Ils firent de grosses pertes et eurent du mal à s’en relever. Un des points de leur système était de vendre un projet sans le film tourné mais avec un casting et une affiche déjà faite. Avec catalogue. Cela ne fonctionnait plus.
L’ambition de Menahem fut sa force, et la force de la Cannon, mais aussi ce qui la fit chuter... La vie familiale de Menahem et Yoram en subirent aussi les conséquences. Le duo éclata. La Cannon dû mettre clé sous porte.
Une boite indépendante qui était presque à la hauteur des plus gros studios de production d’Hollywood. Et de tout ça, il ne reste que des moyens ou mauvais films qui s‘avèrent très fun à regarder entre amis d’une époque où le cinéma était différent du nôtre.