Si Apple tv a rapidement réussi à trouver un ton original et propulsé des productions de qualité dans le domaine des séries, la plateforme peine à trouver son identité dès qu'il s'agit de confectionner des longs métrages, qui malgré tout l'enrobage qui les entoure restent pour la plupart de films des plateforme un peu décevants.
Le projet "The gorge" semble s'inscrire dans cette mouvance, annonçant à grands coups « d’effets marketings » un film multi genre, sorte d'actionneur à tendance science-fiction horrifique (oui ça pique un peu) saupoudré de Rom-Com. Bref, un projet qui mélangerait les genres, enchaînés en segments successifs, imaginant que chacun trouvera son bonheur ci ou là , et qu’à défaut la présence d’un Anya Taylor-Joy, très en vue en ce moment, ou de Miles Teller constituerait un atout charme non négligeable.
Et force est de reconnaitre que cet objet foutraque fonctionne, à la manière des films atypiques qui plaisent malgré ou grâce à leur défauts. « The gorge » est imparfait parfois, captivant à souhait, parfois somnolent, avec ses maladresses, ses ratés, mais aussi quelques scènes fortes et finalement une dynamique d’ensemble emballante.
Certes, la mise en place est un peu pataude et les présentations très protocolaires : elle d’abord, Drasa, agente spéciale lituanienne et tireuse d’élite émérite, puis lui, ex-marine, tireur d’élite également dans l’armée de l’oncle Donald, puis les deux sont engagés pour surveiller (chacun son versant) dans un lieu tenu secret depuis toujours, une gorge qui pourrait bien être la porte des enfers (frissons garantis en songeant au terrifiant « La maison près de cimetière ») ; et veiller à ce que les les structures militaires d’armement (sorte de ligne Maginot) empêchent des créatures maléfiques de remonter à la surface et de menacer la populace bienveillante de notre chère planète.
Le lieu est isolé, inquiétant mais luxuriant, et déjà, le chaland se délecte d’une belle atmosphère qui n’est pas sans rappeler « The Lighouse » ou dans « Les Forêts de Sibérie » (le bouquin hein pas le film !) pas de portable, la solitude à perte de vue… Mais évidemment, même si du haut de ce ravin 40 pieds (au moins) les séparent ; lui, Lévi commence à reluquer sa consœur (aux jumelles), elle frétillante ne refuse pas le badinage par cartons interposés (Buster Keaton aurait écrit le scénario que nous n’en serions pas étonnés), et jusqu’au tournant crucial qui va fissurer cette image iconique de l’Eden retrouvé, The Gorge cartonne effectivement.
Le propos séduit, les acteurs sont épatants (même Miles Tellier), l’aura mystérieuse qui se dégage de l’ensemble, combinée à une tension croissante maintiennent un intérêt certain pour les aventures revisitées de Tarzan et Jane (enfin Djain –e- ça sonne mieux).
Mais… il était écrit (et certainement pas par Buster),
qu’il faudrait bien un jour se confronter aux monstruosités du gouffre, sortes d’hommes branches/ arbres bien conçus
et expérimenter l’action l’horrifique, histoire d’accélérer le palpitant des adeptes du mouvement. Et, même si l’on peut considérer que ce segment aventureux rompt le charme, la réalisation se dépatouille valeureusement de ces scènes en CGi, qui jusqu’alors se fondaient harmonieusement dans une image léchée, quand bien même la fin, engorgé, lorgne du côté des mauvais Gimmicks des blockbusters actuels
(plans surchargés de bestioles, tendance guimauvisante exacerbée, propos agrémenté à la sauce complotiste, happy end à la James bond
Mais tout cela n’efface pas le plaisir (un peu coupable) ressenti devant cet objet fantaisiste.