Le Wes Anderson que je préfère, pour son ambiance complètement perchée et pourtant si poétique, ses messages de tolérance très discrets et pourtant si drôles (lorsque Monsieur Gustave est prêt à se battre pour son Lobby Boy étranger fraîchement arrivé ), et surtout pour son humour cynique délicieux qui ponctue chaque scène de The Grand Budapest Hotel. Le traitement de l'image tout particulièrement est d'une beauté impressionnante, oscillant souvent sur une palette de rose et violet mêlée à un style rétro. Ajoutons à cela les plans à l'esthétique léchée (toutes ces lignes verticales...) et les jeux de formats "4/3 et 16/9" qui surprennent l’œil quand il s'y attend le moins (la petite table de dîner paraît bien plus grande en 16/9). Et n'oublions pas cette somptueuse maquette de l'hôtel... Les invités ne manquent pas et s'amusent beaucoup dans leurs rôles respectifs (comme toujours chez Wes Anderson) : Bill Murray, Jeff Goldblum, Jude Law, Edward Norton, et on en passe ! Ce qui aura assis le statut de "favori" de ce film dans l'ensemble de la filmographie d'Anderson, c'est aussi son personnage principal : Monsieur Gustave. Interprété comme jamais par un Ralph Fiennes à la limite de la perfection dans chaque séquence, chaque mouvement est calculé avec une finesse incroyable : regardez seulement Monsieur Gustave se pencher, manquer de tomber, pour débuter sa marche rapide !. Époustouflant de finesse, il s'agit pour notre part du meilleur rôle de Ralph Fiennes (mais La Liste de Schindler se tient...), surtout qu'il s'accorde à merveilles avec son binôme Zero ! L'un éternel "folle parfumée à l'Air de Panache" et l'autre "petit émigré nerveux qui veut se faire une place à tout prix", soit un duo drôle, touchant, et toujours décalé. Et comment ne pas goûter à cet humour si discret derrière les situations cocasses qu'on le découvre au fur et à mesure des visionnages (quand Monsieur Gustave souligne - deux fois - qu'il s'agit d'un champ d'orges alors même qu'il est couvert de neige, le nombre "15" qui se transforme par magie en "14 minutes" dans le musée à quelques secondes d'intervalles sans que le gardien n'ait bougé... Plus c'est fin, plus on le "chope tard", plus on aime). Les situations s'enchaînent dans un rythme soutenu et nous offrent quelques moments mémorables : ne serait-ce que la course en traîneaux ! Complètement décalé, visuellement magnifique, bourré de bon goût, de finesse et de talent jusque dans son duo principal tout simplement délicieux et cocasse, The Grand Budapest Hotel a été un véritable coup de cœur.