Au pays de la naphtaline, le spectateur s'ennuie
Il fut un temps où le cinéma de Wes Anderson était bricoleur, coloré, foutraque et original. On aurait même pu dire qu'il était moderne. Mais ça, c'était avant. Ce qu'on craignait déjà avec son précédent film se confirme : à force de se répéter que "c'était mieux avant", Anderson à troqué la fantaisie pour la naphtaline.
Ça commence avec cette voix off narrative qui ne va jamais nous lâcher. Insupportable et plombante, elle transforme le récit en livre d'images pour jeune fille modèle. C'est triste et poussiéreux, poussif, sans relief. Le style de Wes Anderson s'est transformé en maniérisme étriqué. On ne respire pas, on étouffe. On ne s'intéresse à rien, rien ne palpite, c'est compassé et creux, sans souffle.
Comment Wes Anderson peut-il prétendre s'être inspiré de Stefan Sweig ? Où est le romanesque de 24 heures de la vie d'une femme, de La confusion des sentiments ou du magnifique Ivresse de la métamorphose ? Résumant ses références à d'interminables vignettes engoncées, cartes postales désuètes d'un bouquiniste désolant, il se contente de mener à terme un récit sans rythme et sans intérêt. De l'hôtel du titre on ne voit quasiment rien. C'était bien la peine de nous laisser imaginer la mécanique de la grande bâtisse, si c'était pour nous laisser poireauter dans le hall.
Le casting XXL cabotine à mort, chacun faisant son petit numéro avec conviction, plutôt brillamment il faut bien l'avouer, mais on est en droit de se demander pourquoi. Multipliant les apparitions de têtes connues, le film n'en finit pas de ne jamais avancer, se terminant du coup sans avoir commencé.
On s'ennuie, on perd le fil, on n'écoute plus, on ne lit plus les sous-titres. On regarde les images comme autant de pièces d'un jeu des 7 familles, tout en sachant que la partie est perdue.