Du grand guignol savamment guindé...
De Wes Anderson, je n’ai vu que l’excellent Fantastic Mr. Fox, film d’animation hautement original qui en disait long sur le style à priori unique du cinéaste.
La sortie de l’attendu The Grand Budapest Hotel, inspiré des œuvres de Stefan Zweig, était donc l’occasion de faire plus ample connaissance avec son univers, d’autant que ce long-métrage s’accompagnait d’un casting ni plus ni moins salivant.
Au final, j’en suis ressortis aussi surpris qu’enchanté, tant ce long-métrage est une pépite comme on en voit peu, dans la forme comme dans le fond.
En premier lieu que dire de la mise en scène somptueuse composant TGBH, qui bien que carrée, à la limite de la symétrie obsessive, se veut diablement originale ; celle-ci pourrait être même oppressante à sa manière, mais non, tandis que la superbe photographie parachève ce tableau visuellement rafraîchissant.
Et l’effet est d’autant plus efficace qu’il s’accorde à merveille au ton décalé composant en grande partie le film, dont l’ambiance n’a de cesse d’osciller entre sérieux et burlesque, paradoxale association portant ses fruits avec un brio certain ; l’incorporation d’une mémorable séquence en stop-motion ne manque d’ailleurs pas de surprendre, ainsi que les différents formats de projection utilisés, qui caractérisent à merveille ce visuel tant atypique dont s’est drapé TGBH (dont la réussite tient aussi en ses costumes et décors parfaits).
En second lieu vient la question du scénario, qui quoique guère étoffé en terme d’intrigue (juste ce qu’il faut), arbore de multiples facettes faisant définitivement du long-métrage une œuvre inclassable.
C’est presque à se demander où celui-ci veut en venir, alors que l’on est guidé par une narration étalée sur différentes époques, et que l’on assiste aux tribulations d’une pléiade de personnages loufoques sans trop l’être, mais bel et bien intéressants.
Du reste, ce sont ces mêmes-protagonistes qui attise véritablement notre intérêt, à commencer par le duo Gustave/Zero, association ô combien étrange de par leur relation sans pareille ; autrement, l’intrigue se compose d’une myriade de personnages secondaires participant à un humour aussi subtil que farfelu, et ce au gré de dialogues jouissifs, de cette même mise en scène inventive ou encore de par la simple dégaine hilarante de quelques protagonistes (la paire Brody / Dafoe pour ne citer qu’elle).
Dernier point : le fameux casting, génial comme pas deux, qui outre le fait qu’il propose un nombre hallucinant de guest stars dans ces même personnages secondaires, offre une multitude d’interprétations sensationnelles, en totale adéquation avec le ton de TGBH : sérieux sans trop l’être.
En conclusion on tient là un divertissement grandement original, à la réalisation somptueusement atypique, et dont l’intrigue sympathique trouve sa force en ses personnages inimitables et ses situations vaudevillesques, sans être trop sage pour autant.
Bref, après Fantastic Mr. Fox, ce film est (pour ma part) la confirmation du talent singulier de Wes Anderson, et le visionnage de ses œuvres antérieures est désormais d’une absolue nécessité !