Casting quatre étoiles pour hôtel cinq étoiles.
OUI, OUI, OUI, OUI ! Wes Anderson, je vous dis merci ! Merci pour vos films, vos idées, votre folie, votre audace, mais surtout merci pour ce film. Ce film a tout. Je vais devoir calmer cette érection cinéphile avant que ça n'aille trop loin, mais pas avant d'avoir tout dit de ce que je pense de ce chef d’œuvre (attention, risque de présence importante de superlatifs dans cette critique).
Tout commence par une fille, qui vient se recueillir sur la tombe d'un écrivain, de nos jours. Elle commence à lire son livre, qu'il a écrit vieux et dans ses dernières années, où il raconte comment jeune il a rencontré le vieux propriétaire ce ce qui fut auparavant un fabuleux hôtel luxueux dans l'est de l’Europe. Ce vieil homme va lui raconter comment, par des événements aussi improbables qu'incroyable, lui, immigré sans papiers de l'est de cette planète, il s'est retrouvé propriétaire du Grand Budapest Hôtel. Et tout commence alors qu'il était tout jeune, et qu'il se fait embauché comme lobby boy au Grand Budapest.
C'est long, mais ce condensé fou de flashs-backs les uns dans les autres n'est qu'une infime partie du film, et je dirais même l'introduction à son introduction. Wes Anderson réussit quelque chose de fou, c'est de raconter une histoire dense, très dense, avec myriade de personnages, sans jamais nous perdre. Comment ? Grâce à son sens du visuel absolument sublime. Ce film est une orgie de couleurs et de mouvements comme jamais j'ai pu en voir auparavant (à part dans les films du-dit Wes Anderson). Effets volontairement bancals, tournage sur toile peinte, costumes à couleurs criardes. Plus on remonte dans le temps, plus le film est coloré, vivant, inventif. Il arrive à connoter les époques grâce à des idées de mise en scène, sans utilisation artificielle en post production. Chapeau bas l'artiste.
Oui chapeau bas, parce que la mise en scène avec la caméra est orgiaque. Il fait tout, utilise tout les effets possible, nous fait rire, pleurer, trembler. 1000 plans me viennent à l'esprit, de devant la prison avec un gag tellement fait mais tellement imprévisible à ce moment, avec des angles improbables, avec des cadrages innovants qui font tout le sel du réalisateur. Oui, Wes Anderson fait une mise en scène criarde, qui se voit, qui crie haut et fort qu'il est derrière la caméra et qui montre que c'est son film. Dès les trois premiers plans, vous savez que c'est du Wes Anderson.
Le casting, c'est une folie. Il y a tellement de grands noms qu'on arrête de s’émerveiller quand on voit une nouvelle tête à l'écran. Il y a bien sur la famille fidèle au réalisateur: Schwartzmann, Wilson, Murray, Brody etc... Mais aussi tellement d'autres acteurs. Ils sont tous excellent bien sur, vu que le film se joue bien plus sur la mise en scène que le talent des interpètes. Vous avez juste à être devant la caméra du bonhomme et vous serez un bon acteur (c'est exagéré, mais on est pas loin de la réalité tellement le gus est doué).
Et l'histoire en elle-même ? Et bien, elle raconte une partie d'Histoire de l'Europe, de cupidité des riches, des relations humaines. Wes Anderson ne se contente pas d'esquisser un récit autour d'un thème, il met en scène une gigantesque histoire à rebondissements multiples qui raconte les liens qui tiennent l'humanité et qui la désunie. Tout ça dans une histoire d'héritage qui sent bon les embrouilles.
C'est généreux, c'est beau, c'est drôle, c'est émouvant, c'est fantastique, c'est du cinéma comme je l'aime, comme je veux en voir plus souvent. Merci Wes Anderson. Chef d’œuvre !