J’avoue que je ne pensais pas que le fait d’être fan de Ryan Gosling et de la sublime Ana de Armas (Ouais, on va pouvoir la voir péter des gueules de méchants très méchants pendant une durée plus longue que dix pauvres minutes dans Mourir peut attendre. C’est pour cette raison surtout que je me suis infligé la merde critiquée ici !) pouvait m’amener un jour à marcher du pied droit sur une telle grosse merde. Je ne suis pas naïf. Je m’attendais à un gros film d’action bien bourrin reprenant tous les poncifs du genre, devant lequel je peux débrancher mes deux neurones moisis. De la merde certes, mais de la merde divertissante… Même ça, cette merde (oui, il y aura un abus du mot “merde” tout au long de cette critique, éloignez les enfants et les femmes enceintes !) n’a pas su me l’offrir.
Les frères Russo ont sans conteste la capacité d’engranger des tonnes de pognon en satisfaisant pleinement les désidératas des studios, en leur donnant exactement ce qu’ils veulent. Et donc ce que veut le public, c’est-à-dire quelque chose de complètement décérébré dans une société qui se complaît à l’être de plus en plus. Mais, par contre, ils ne savent pas du tout réaliser. Ils n’ont aucune notion de dramaturgie (drama… quoi ?), ne comprennent pas un seul instant que bien mettre en avant les motifs (oui, vous savez, les trucs qui permettent en grande partie de s'investir émotionnellement avec les protagonistes et qui aident grandement à entrer dans l’histoire ?), les caractéristiques des personnages, les relations entre ces derniers est essentiel pour rendre le récit passionnant (ce que font très bien les John McTiernan ou la trilogie Jason Bourne (dont s'inspire déplorablement The Gray Man !) avec Matt Damon par exemple !).
Cette merde est un immonde gloubi-boulga à travers une succession de plans rapprochés entrecoupés de mouvements de caméra à gauche, à droite, plan rapproché, à droite, à gauche, plan rapproché, en avant, en arrière, plan rapproché, en arrière, en avant, un accéléré comme si l’ensemble n’était pas suffisamment illisible, oh un autre accéléré comme si l’ensemble n’était pas suffisamment illisible, un nom de lieu géographique s’affichant à l’écran, un dialogue inutilement pompeux (au passage, putain, votre film est abyssalement con, donc soyez honnêtes envers les spectateurs et vous-mêmes, en évitant de vous prendre au sérieux !), un nom de lieu géographique s’affichant à l’écran, un dialogue inutilement pompeux, un nom de lieu géographique s’affichant à l’écran, un dialogue inutilement pompeux, un nom… quoi, vous trouvez que mes répétitions sont saoulantes à lire ? Ben, cette merde de The Gray Man, c’est cela pendant plus de deux heures… Pensez à bien mettre en évidence un endroit par la technique ? Un ou des personnage(s) dans un décor ? Une situation par un échange verbal ? Des personnages par ce même échange verbal ? Leurs relations ? Mais vous rigolez… caméra à gauche, à droite, plan rapproché, à gauche, à droite…
Ouet, met moy jeu suit la poure lais cenes d’axion pa poure meu prandre la tet lol est toa tue teu pran tro la taite parkeu tes tro cons pourre conprande, boutfon ! Euh, même pour ça, c’est une grosse merde. Les scènes d’action sont montées avec deux pieds gauches, pardon avec quatre pieds gauches. Elles sont confuses et incompréhensibles à souhaits. En plus de ne pas savoir pourquoi untel fait ceci (Ben oui, pourquoi s’emmerder avec un scénario ? Un quoi ?), on ne sait pas quelquefois ce que ce même untel est en train de faire, ni où il est. Et les acteurs-actrices s’envoient des coups de poing ou de pied à un mètre (donc pour voir Ana de Armas péter la gueule de méchants très méchants, on repassera !). Point bonus : un CGI aussi attrayant pour l'œil que la vision de toilettes bouchées, non réparées et non nettoyées depuis trois mois d’une boîte de nuit voyant se succéder des personnes trop bourrées pour ressentir la moindre sensation de dégoût en se vidant de toutes les façons. Mention spéciale à l’affrontement dans l’avion qui est un summun d'horreur.
Ah oui, les très grosses pointures au casting ? Je n’ai même pas envie de m’arrêter pour en parler tellement elles n’ont que dalle à défendre. Et pourtant… bordel… Ryan Gosling, Ana de Armas, Regé-Jean Page, Billy Bob Thornton, Chris Evans… Ah si, je mentionnerai Chris Evans, avec une moustache pour qu’il paraisse très méchant parce qu’il est très méchant. Et si vous n’avez pas compris à la première évocation ou à la première apparition du personnage que c’est un méchant très méchant et qu’il est là pour se battre contre les gentils très gentils (Pourquoi ils ne le butent pas pendant qu'il est endormi, ces cons ? Ah oui, il faut que le méchant très méchant tienne jusqu'à la fin du film !), rassurez-vous, à chaque fois qu’il pointe sa belle gueule avec une moustache, il dit toujours une parole ou commet un acte cruel pour qu’il soit bien enfoncé dans votre boîte crânienne qu’il est le méchant très méchant qui est là pour se battre contre les gentils très gentils. Utiliser le charme de l’acteur pour rendre son personnage d’antagoniste plus fascinant, plus ambigu, bref moins bêtement prévisible, donc plus troublant et plus intéressant… Euh, vous rigolez ? (attention, abus de l’utilisation de la fausse interrogation “vous rigolez ?” droit devant !). Et ce n’est pas comme si Rian Johnson avec Knives Out avait réussi à le faire avec brio…
Faute de s’investir émotionnellement dans cette merde avec les personnages, on peut au moins le faire physiquement ? Vous rigolez ? Quand untel reçoit un coup de couteau ou une balle de revolver dans le corps, cela paraît aussi douloureux et lourd de conséquences que d’avoir un akène de fraise coincé dans le creux d’une de ses dents.
Ah oui, cette merde, en plus d’être une accumulation de greffes purulentes de tous les poncifs utilisés et réutilisés et encore réutilisés, se permet une référence à Shining avec l’apparition remarquablement inutile d’un labyrinthe. Est-ce que la particularité de ce type d’endroit piégeux va être exploitée pour son immense potentiel points de vue tension et suspense ? Euh, vous rigolez ? Vous auriez remplacé le labyrinthe par… je ne sais pas moi… une cabine de plage au Club Med ou le grenier de ma tante ou la litière de mon chat, il n’y aurait rien eu de changé.
Bon, il est grand temps de tirer la chasse sur cette merde à 200 millions d’euros.