Je comptais simplement donner en quelques lignes un avis (plutôt positif) sur un film appartenant à un genre que je ne goûte guère, mais la note laissée (au 23 juillet 2022 ; 4/10) par la quinzaine de personnes ayant commenté le film m’incite à m’appesantir.
C’est vrai aussi que… je suis allé voir ce qu’en disait Allo Ciné, ou plutôt ce qu’Allo Ciné répertorie de la critique-presse. Je découvre alors qu’un des crasseux des Inrockuptibles a collé 1/5 au film des Russo : raison supplémentaire pour ouvrir mon claque-merde. Il y a également un clown d’Écran large qui aurait écrit (je cite) : « Le cabotinage de Ryan Gosling et les outrances de Chris Evans permettent à ce Tintin chez les Barbouzes de divertir, malgré les insuffisances des frangins Russo, aussi à l'aise avec la mise en scène qu'un lamantin avec un Stradivarius. [3/5]»
« un lamentin avec un Stradivarius » : quand Starfix s’affaissait dans ce genre d’humour — qui peut fonctionner, mais c’est 0 ou 1 — dans les années 1980, c’était déjà difficile…
Pas mal de raisons pour monter au créneau
Bis repetita : je n’aime pas ce genre de films, et je ne vais pas me défausser en vous disant que le jour du visionnage j’ai appris que ma nièce de 8 ans voulait s’appeler Mathieu, que mon neveu de 12 (Patricia) désire un porte-jarretelles à Noël — il hésite entre une tondeuse et une canne à pêche pour sa mère ; son père, lui, c’est sûr, aura dans son escarpin, sous le sapin-qui-sent, un godemichet ‘Mammouth Plus’ —, que mon patron veut que je le turlute pour que je monte en grade, que mon cousin porte une barbe-à-la-con pour avoir la paix dans son « quartier sensible » ou… le pire… qu’Horror Bergé cherche à me contacter.
Rien de tout cela !
J’ai même en réalité trouvé touchant le petit veau à moustache de la Nupes, dans sa chemise blanche, l’autre jour, à La Cinglée nationale.
Want to make an omelette, you gotta kill some people
Je suis parvenu sans difficulté à passer outre les facilités, les extravagances, les invraisemblances, les puta$$eries habituelles — gentille Noire, gentille Asiatique, ‘adorable’ Indien (indice de reconfiguration géopolitique)… — et je me suis laissé embarquer dans ce long périple à la James Bond ou à la Mission Impossible.
Sauf que c’est du 007 et du Ethan Hunt puissance 10.
Je pense que, comme pour The Revenant, les personnes qui massacrent et massacreront The Gray Man sont de petites bécasses incapables d’accepter (de comprendre) que l’on vienne souiller les plates-bandes de leur petit confort vaguement esthético-cinématographique…
… Personnes froissées que les Russo aient eu l’audace de placer la barre très haut en termes d’action XXL, sans crier gare.
Nos chochottes trouve(ro)nt donc inévitablement le film « laid » — alors qu’un De Palma, son tunnel, le TGV, l'hélicos... hein ! —, « ennuyeux » (avec dialogues « ineptes »)… mais ça, les pauvres, ils l’auront décidé une fois pour toutes dès les dix premières minutes ; comme des gosses ; comme des cons.
Si indécrottablement abrutis d’insuffisance (bien française, bien enfumeuse, bien macronienne) qu’ils diront que, scénaristiquement parlant, The Gray Man ne vaut pas tripette.
Vouz consaterez pourtant que c’est faux, que, notamment, les lieux de l’action sont... innovants (je n’en fais pas un absolu : j’anticipe les réactions des néo-humains).
En-vérité-je-vous-le-dis : laissez faire les Russo, Gosling, Evans & Co. ; laissez-vous embarquer ; prenez-en plein le golliwock (ça bouge, ça flingue, ça voyage, ça aime, ça doute, ça …) . Et c’est bien foutu.
J’eusse mis 6 ou 7.
Je mets 8 ♥ : pour, 'colibriment', contrecarrer les puissantes larves satisfaites en passe de transformer votre pays en cimetière...
Quant au message cardinal du film nous intimant de croire que la CIA aime faire dans le propre, je me demande si ce n'est pas, là encore, un pied de nez...