La comédie musicale est un genre cinématographique qui reste trop peu exploité dans le cinéma moderne. Cependant, depuis quelques années maintenant, de nombreux réalisateurs ont décidé de s’aventurer sur cette voie plutôt périlleuse. En effet, ces derniers se lancent un défi de taille : mettre au goût du jour nos vieux classiques comme West Side Story, Chantons sous la pluie etc. Récemment, nous avons eu la chance de découvrir un chef-d’oeuvre artistique portant le nom de La La Land. Ce drame américain réalisé par Damien Chazelle avait laissé sans voix de nombreux critiques en renouvelant le genre de la comédie musicale avec brio.
Ce mois-ci, un autre outsider a décidé de se lancer dans la course pour tenir tête aux musiques entraînantes de La La Land. Michael Gracey, un tout jeune réalisateur Australien, débute donc sa carrière derrière la caméra avec The Greatest Showman, un fim biographique retraçant la vie de P.T Barnum, un entrepreneur de spectacles américain connu pour être à l’origine du freak show ( expositions d’êtres humains comportant des aspects physiques sortants de l’ordinaire comme la femme à barbe par exemple ). Du moins, lorsque je mentionne le fait que ce biopic est une représentation cinématographique de la vie de Barnum, j’ai bien peur de devoir vous dire le contraire. Il est vrai que la plupart des biopics persistent à modifier des événements de la vie du concerné pour les biens du scénario. Mais dans The Greatest Showman, la vie de Barnum est à mon goût, beaucoup trop magnifiée. En effet, Michael Gracey nous le montre comme un homme généreux, plein d’envie … bref, tout le contraire du véritable personnage. Barnum a tout de même passé sa vie a rouler sur les mensonges comme lorsqu’il a fait la rencontre de Charles Sherwood Stratton. Intrigué par la taille de l’enfant, Barnum affirmera qu’il s’agit en réalité d’un nain et l’emmènera, accompagné de sa mère, à New York où le jeune garçon apparaîtra sous le nom de Général Tom Pouce, nain de 11 ans récemment venu d’Angleterre. Et c’est bien ça le hic. A part durant une court moment où on découvre un des sombres aspects du showman, le spectateur sortira de la salle avec une image trompeuse du personnage.
Ensuite, nous ne pouvons pas juger une comédie musicale sans aborder le sujet des musiques qui l’accompagne. Pour faire vivre ses personnages le jeune réalisateur Michael Gracey a fait appel à deux grands noms de la musique de film: Benj Pasek et Justin Paul, récompensés en 2017 par un Oscar pour leur composition « City of Stars », chantée dans le film La La Land. Numéro 1 sur Itunes aux Etats-Unis et en Angleterre, la bande originale de The Greatest Showman est une belle réussite. Cependant son côté anachronique peut parfois déranger, laissant un sentiment de répétition à chaque nouveau morceau. En effet, la bande originale ressemble plus à un nouvel épisode de High School Musical qu’à un nouveau La La Land. Néanmoins, The Greatest Showman est là pour faire le show : et c’est vraiment réussi. Le spectateur sort forcément de la salle avec une formidable envie de danser, mais surtout, avec une folle envie d’aller écouter à nouveau la bande originale sur le net.
Passons maintenant au point le plus fragile de ce film : le scénario. Dans une comédie musicale, on attend bien sûr des musiques de qualités, des chorégraphies à couper le souffle, mais également, un scénario de premier choix. Et ça, The Greatest Showman ne l’a pas très bien compris. En effet, le scénario reste beaucoup trop prévisible, reproduisant le schéma classique du biopic : un homme qui fait fortune, puis qui en un seul coup de baguette ne possède plus rien, et qui finit par enfin par trouver LA solution pour résoudre son problème, pour terminer heureux et en bonne santé en compagnie de sa famille et de ses amis sous un beau feu d’artifice. J’exagère un peu mais malheureusement, là où La La Land avait réussi à faire passer un message sur sa fin surprenante, The Greatest Showman se range donc dans les films possédant un scénario qui se résume en quelques mots : Si tu crois en tes rêves, tout devient possible, alors, ne baisse jamais les bras. Et c’est bien dommage.
Ensuite, il est important de noter que The Greatest Showman est le premier film réalisé par Michael Gracey. Dans sa carrière cinématographique, Gracey a toujours préféré se concentrer sur les effets spéciaux. Et cela se ressent directement dans le film : des ralentis à couper le souffle, des couleurs pétantes pour nous en mettre plein les yeux, bref, tout est là pour créer un véritable show de sons et lumières !
Enfin, j’aimerais terminer cette critique pour mettre en avant le casting. Tout d’abord, en maître de cérémonie, Hugh Jackman. Ce n’est pas la première fois que l’interprète de Wolverine endosse le rôle du chanteur. Effectivement, nous avions pu le voir en tant que Jean Valjean dans Les Misérables. Dans The Greatest Showman, Hugh Jackman est tout simplement impressionnant et grâce à sa prestation, il permet au film de maintenir un rythme certain qui tient le spectateur en haleine. Dans les autres prestations intéressantes, on pourra retrouver Zac Efron qui est loin d’être ridicule dans son rôle de collaborateur de P.T Barnum. Comme quoi, il suffit peut-être d’arrêter de tourner dans des comédies vues et revues pour pouvoir montrer son véritable talent … ( comme le triste Baywatch : Alerte à Malibu sorti durant l’été 2017 ). Enfin, on pourra également féliciter la prestation de Michelle Williams, et la jeune Zendaya que vous avez pu voir dans le dernier Spiderman : Homecoming.
The Greatest Showman est donc un film fort plaisant à regarder, ne serait-ce que pour sa bande originale qui pourrait redonner la pêche à n’importe qui, ou bien pour la formidable performance de Hugh Jackman qui est d’ailleurs nominé pour la catégorie de Meilleur Acteur aux Oscars. Cependant, derrière toute cette magie peut se cacher une petite déception, surtout du côté du scénario qui aurait mérité un peu plus de profondeur et d’originalité. The Greatest Showman reste néanmoins un bon divertissement à voir en famille !