Avec le nouveau film de David Lowery, nous avons droit à un objet filmique non identifié.
Il reprend certes les codes du film médiéval et de fantasy.
Le héros poursuit une quête qui lui apportera renommée et reconnaissance.
On revisite le mythe de Gauvain, chevalier de la table ronde du roi Arthur matiné de fantastique. L’atmosphère est étrange. Entre féérie, onirisme et horreur.
Le personnage principal mène un voyage initiatique qui le conduira au propre comme au figuré dans des forêts brumeuses et des eaux troubles.
Il porte une ceinture brodée par sa mère renfermant un sortilège et un grelot confié par sa promise.
Sa mère n’est pas innocente dans son périple pour aller recevoir un coup, réponse du même sort qu’il a réservé à un être effrayant et mystérieux, en la personne d’un chevalier vert, le jour de Noël. On suppose qu’elle est responsable de cette magie mais quelle est son intention ?
Le film nous propose un questionnement sur l’ambivalence. Où se situe la lâcheté et le courage ? A quel moment est-on touché par la pureté ou la corruption ?
Le protagoniste ira d’épreuve en épreuve, rencontrant des brigands, une décapitée, des géantes, un seigneur et sa dame aux moeurs et desseins obscurs et équivoques qui lui offrira son portrait (à la Dorian Gray?). Il sera accompagné de son fidèle cheval et d’un renard espiègle. Il retournera vers son roi pour recevoir adoubement et bénédiction avant de suivre son destin ainsi que sa destinée. Avant un final qui modère et tord ce propos. Mais existe-t-il une morale à cette histoire ?
Le long métrage est rempli de dichotomie: lâcheté/courage, pureté/corruption, devoir/ambition. Les faux semblants et les doubles parsèment le récit. On ressent une sensation de malaise tout au long du parcours de Gauvain.
Des Patel joue son rôle à merveille, avec justesse, retenue, nuance et finesse. Il possède du charme et même un certain magnétisme. Alicia Vikander est tour à tour délicieuse, fraîche et subversive, tentatrice.
La direction artistique et la photographie sont somptueuses. Les décors irlandais sont extraordinaires. Les forêts, la lande et les châteaux participent à l’authenticité et au caractère merveilleux de l’histoire. La musique est les chants sont sublimes et envoûtants. Ils nous poursuivent quelques temps dans un coin de notre tête et on se surprend à les fredonner intérieurement.
On ne ressort pas indemne de ce conte, entre Midsommar et Excalibur.