La seule chose qui fasse peur, c'est d'avoir perdu une heure trente de sa journée à regarder ce McDo cinématographique, purement destiné aux jeunes ados en quête d'une séance de minuit pour frimer entre potes (ou devant Madame). Ces derniers sortaient des séances en nous prévenant du danger (braves petits) : "n'y allez pas, c'est nase", et si les premières fois on a préféré un autre film (d'après les bons conseils), on a quand même fini par y aller (on regarde tout ce qui passe au cinéma, donc...). Et effectivement, "c'est nase". On ne comprendra jamais l'envie de faire des remakes de remakes (de reboot de prequel, etc) qui anéantissent l'intérêt d'une saga avec leur médiocrité, et The Grudge (2020) en fait partie (il faudrait que Sam Raimi regarde ce qu'il finance, un peu). Quant à nous, nous revoilà dans le scénario discontinu (on suit plusieurs familles à différentes époques) avec la bébête qui rôde... Mais en plus du sentiment de réchauffé au micro-ondes, on ne parvient pas à avoir vraiment peur. Premièrement, si vous avez vu la bande-annonce, vous êtes grandement "spoilé", on reconnaît la plupart des scènes d'épouvante à cent kilomètres, aucune surprise à l'arrivée de la main dans les cheveux (expédiée), les mains qui sortent de la baignoires au ralenti... On se demande d'ailleurs quel est le délire du scénariste avec les mains (celle qui sort de la poubelle, des cheveux, de la baignoire, celle que la mamie coupe en rondelles...), peut-être une frustration refoulée de ne pas s'être foulé le poignet pour écrire le scénario (psychanalystes, c'est à vous). Ensuite, on sent sans cesse le poids des références aux précédents films : les éléments qu'on ne peut comprendre que si l'on a vu la saga The Grudge, car ce n'est pas ré-expliqué, même rapidement, ce qui est toujours sympa pour le spectateur néophyte qui va ramer pour comprendre le pourquoi du comment de la malédiction (d'où sort-elle, son fonctionnement, la créature, etc...) On nous balance les événements comme s'ils allaient de soi, et vos connaissances combleront le reste (merci pour rien). Enfin, niveau épouvante, on a droit à un mélange très déséquilibré de jumpscares (sans arrêt ! C'est plus que pénible de toujours avoir ce "et je coupe le son" - "Bouh !" - "et je recoupe le son, et attention" - "Bouh !", on se croirait dans Louxor J'adore) et de scènes gores minuscules (on bascule dans un ersatz de Walking Dead, sans plus). La vraie terreur, celle qui nous fait encore trembler en rentrant chez soi, est complètement absente. On a droit à de stupides montées de volume sonore pour nous décrocher le postérieur de notre siège, et forcément cela marche si l'on est bon public aux sursauts (on plaide coupable), mais dès que l'on a touché surface de nouveau sur le fauteuil, la peur a déjà disparu, pour une durée d'environ une demi-seconde. Le final part littéralement en fumée dans sa cohérence, il espère vainement qu'on n'a rien écouté au peu d'informations données pour expliquer la malédiction, à savoir qu'on ramène à la maison (et partout avec soi) cette damnation, ainsi il semble que l'héroïne croit sérieusement qu'en craquant une allumette sur la baraque, tout rentrera dans l'ordre (une cousine des Bisounours, certainement). On est donc consterné d'être pris pour des idiots par cette fin, et l'on n'est clairement rien d'autre que désabusé quand, en plus, on nous sort de la manche le "twist final" qu'on attendait patiemment, sans broncher... On y avait emmené le grand-père (amateur de film d'épouvante), qui n'a pas arrêté de soupirer bruyamment, un joli duo symphonique avec les rots de la créature. Donc, que vous ayez 12 ou 82 ans, "c'est nase".