The Host est assez typique du cinéma de Bong Joon-ho : il s'agit d'un film visant un large public, avec ses airs de blockbuster induit par le statut de film de monstre, donc d'un divertissement, mais avec un sous-texte à peine sous-entendu, visant à dénoncer des faits de sociétés qui résonnent avec le monde réel. Pour bien des raisons, The Host est analogue à Snowpiercer.
En fait, The Host est un film de monstre sans en être un. Il s'agit avant tout d'une critique sociétale, dénonçant l'irresponsabilité des entrepreneurs, évoquant des dérives observables dues à la pollution (en les extrapolant), dépeignant une population prolétaire ignorée et condamnant la présence de troupes de l'armée américaine en Corée du Sud.
Mais bien que cette dimension politique soit intéressante, et inhérente au cinéma de Bong Joon-ho, je ne peux pas m'empêcher de me dire que les passages les plus jubilatoires sont ceux où l'on profite pleinement des plans frénétiques accompagnés d'un design sonore percutant, ces moments de peur où l'on est traqué - ou que l'on traque - le monstre.
J'ai finalement davantage été conquis par le suspense des scènes les plus haletantes, et notamment la scène de présentation du monstre, ce court plan-séquence saisissant qui témoigne de la faculté de Bong Joon-ho à retranscrire des environnements de panique, où tout devient incontrôlable. Je me souviens d'une scène de Memories of Murder qui fonctionne sur le même procédé de court plan-séquence visant à capturer l'instant où on perd le contrôle de la situation. Bong Joon-ho sait vraiment être percutant.
Il y a cependant une chose que j'ai du mal à saisir quant au message du film. Étrangement, le mal est battu par le mal : le monstre, apparu à la suite d'un déversement de produits dans les eaux de la rivière Han, est vaincu par l'agent jaune, un autre produit - inspiré d'un véritable défoliant autrefois utilisé par l'armée américaine - dont les conséquences sur la santé sont observables dans le film. Pourquoi avoir fait le choix de ne trouver comme seul remède un agent encore pire que le précédent ? Le film dénonce-t-il une impasse écologique ?
Contrairement à ce que j'aurai pensé, The Host n'a pas des airs de série B, bien qu'il s'agisse d'un film de monstre. On est dans un film profondément politique, au même titre qu'Okja, jouant sur le mélange des genres comme Bong Joon-ho aime le faire, avec autant de moments dramatiques que de scènes de suspense, et même quelques airs de comédie ou d'épouvante. Un film très réussi, mais au discours moins percutant qu'un film comme Parasite, en tout cas pour nous autres européens.