En mettant en avant trois actrices majeures du 7ᵉ art, Stephen Daldry faisait plus qu’un film féministe, il rendait compte des limites du processus créatif lorsqu’on est atteint de mélancolie et nous questionnait sur la condition humaine. La trajectoire de trois femmes montre la difficulté de faire ce qui est généralement attendu par la société quand ses responsabilités, ses devoirs, ses obligations, vont à l’encontre de sa raison d’être.
La mélancolie est une matière liquide, qui anesthésie la vie des plus fragiles, ceux qui clignotent faiblement, comme des petites lumières là où la poussière danse… Elle ruisselle dans les veines, englobe les peurs, les doutes, les rêves, paralyse doucement, transforme l’être humain en statue de pierre dans les confins d’un cheminement sans retour. Quand elle est générée par un artiste, elle peut contaminer les autres au plus profond de leur chair, en tout temps et en tous lieux. Quelque chose dans l’air perdure indéfiniment. Le poison se joue de l’espace-temps.
Les trois temps d’une valse
The Hours est à la fois la vision d’une création artistique (un produit littéraire) et l’observation de sa restitution dans l’avenir. C’est un des pouvoirs qui échappent à l’artiste, quand celui-ci doit laisser agir son œuvre une fois qu’elle a pris son envol.
Avec son montage fluide, qui s’adapte aux froissements de la musique majestueuse et minimaliste de Philip Glass (à lui seul un des emblèmes marquants du film) The Hours fait bouger une caméra anachronique qui attise la curiosité, en questionnant le spectateur sur ce qui devra être déterminant dans la vie de trois femmes à travers trois époques et trois journées différentes. Par ces trois temps, le film évoque une valse.
Toute la vie d’une femme en une journée. Une seule journée. Et dans cette journée, sa vie entière.
Cet exercice narratif permet d’offrir des performances croisées, nuancées, parfois similaires, parfois antinomiques, parfois liées dans une continuité, le tout en bénéficiant d’un casting haut de gamme.
Portraits croisés
Nicole Kidman, d’abord. Jouant une Virginia Woolf anhédonique, ayant perdu le goût des choses, elle voit sa vie lui échapper avec son fatalisme latent et persistant, sa vision inflexible et ses problèmes de communication récurrents. La prouesse de l’actrice relève d’une physionomie étonnante, son faux nez n’étant finalement qu’un détail au milieu de ses tenues, de ses postures, de sa conduite et son allure à la fois apathique, ralentie et évanescente. Les choses simples du quotidien deviennent un poids pour elle. Ses promenades sont des errances qui évoquent des divagations.
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Pour lire la critique complète : https://www.lemagducine.fr/cinema/films-classiques/the-hours-la-valse-triste-10066970/
Je suis désolé de ne pas pouvoir vous la partager directement sur SC.