C'est sur ces mots que je débute mon commentaire du film "The Hours" réalisé par Daldry. Comment mieux décrire ce qui n'a fait que m'en toucher une sans remuer l'autre ? Une forme narrative classique, qui fait la part belle à la mise en abyme d'une écriture fictionnelle que l'héroïne - incarnée par une Nicole Kidman méconnaissable – prend soin d'échafauder. En effet, "Virginia" se propose d'être l'alter-ego de la "Woolf" réelle, celle qu'on connaît pour ses romans Orlando, Une chambre à soi ou encore Flush mais surtout Mrs Dalloway, postulat du film. Focalisé sur la personnalité tortueuse et torturé de l'écrivaine, le scénario fait également se cotoyer deux autres portraits de femmes dans des époques postérieures – et distinctes – à la réalisation du roman que rédige Virginia durant tout le film. Ces personnalités se recoupent par l'importance que revêt l'histoire du roman – nouvelle mise en abyme donc – mais également par le souci du détail qui, comme dans le film "L'effet papillon", fait se répercuter l'existence imaginaire du protagoniste féminin sur celles en de nombreux points conformes des autres personnages du film. En effet (attention spoiler !) lorsque l'héroïne du roman se procure un bouquet de fleurs chez le fleuriste du coin, madame untel fait de même.

Sans plus vous en dévoiler, puisque cette anecdote n'aura peut-être pas défnitivement étiolé votre envie de voir ce film, je peux dorénavant vous affirmer que oui, malheureusement, je me suis ennuyé... Pas que les turpitudes psychologiques de Virginia soient inintéressantes ou inappropriées, mais suivre ces trois portraits de femmes sous l'enrobage du drame m'a laissé de glace. Alors que l'on nous dévoile la fin dès les premières minutes (à l'image d'un Mesrine de Richet, comment prendre plaisir à regarder s'enfiler des événements qui paraissent au final tellement anodins face à l'acme émotionnel que l'on nous a grillé dès le début ?

De plus, si ce n'était la version française très mal doublée pour nous gâcher un peu plus la vie... Bien dommage, d'autant plus que l'idée de filer les mises en abyme pouvait sur le papier donner des choses intéressantes. En effet, comment ne pas s'enthousiasmer devant un film, qui, comme la plupart, est basé sur un roman, mais qui a en plus la lourde tâche de refléter l'implication du réalisateur dans son travail d'ébauche et d'organisation du réel comme Virginia le fait elle-même tout du long du film ? Comme un accomplissement, la fin est d'ailleurs une réponse aux enjeux de la création, et donne à voir au spectateur qu'un auteur peut à la fois se complaire dans sa création, mais également causer sa perte en s'égarant au sein des méandres du réel qu'il tente de figer sous la forme du fictionnel.


Au final, un film qui se polisse à regret sur de trop nombreux aspects pour pas grand-chose, qui tente de faire des coups d'éclat là où une mise en scène académique on ne peut plus soporifique ne fait rien reluire... Si j'étais méchant, je pourrais dire que c'est du Eastwood – le charisme des personnages en moins. Bien dommage donc de voir que le potentiel est gâché, et que le "féminisme" est trop prononcé pour que j'y accorde plus de crédit. Constitué comme un film à la Inarritu, les personnages évoluent en parallèle sans jamais se mêler ni se croiser, mais la mise en scène fait en sorte de les imbriquer à la manière d'un 21 grammes. De ce constat réjouissant pour les uns, fatigant pour l'autre (moi), ne ressort qu'un point positif qui tient dans le rôle de Viriginia, que la dame Nicole Kidman incarne à la perfection tant elle fait corps avec son personnage.
Adrast
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le 14 déc. 2010

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