Inspiré par un cauchemar de son enfance, le réalisateur Kyle Edward Ball propose un premier film d’horreur plutôt expérimental à destination des plus déterminés. Deux enfants se réveillent en pleine nuit et cherchent leur père, alors qu’une entité s’amuse avec eux dans les ténèbres de la maison, où des objets bougent inexplicablement. Si le pitch est classique, la façon dont le cinéaste canadien le met en scène côtoie l’effroi sensoriel. En utilisant seulement les sources lumineuses de la maison, dont principalement l'écran cathodique de la TV, le film se noie dans une image sombre très bruitée, et pleine d'artefacts ; de quoi laisser le spectateur s’imaginer sa propre terreur. Le fond sonore repose sur un bruit blanc constant et les programmes diffusés. De temps à autres, les enfants murmurent des phrases, des respirations se font entendre, ou l'entité s'adresse à eux dans un borborygme diffus. Qui plus est, les cadrages sont tous décentrés, et montrent seulement leurs jambes, un coin de la TV, un bas de porte qui s'ouvre... On est en pleine ambiance creepypasta, surtout lorsqu'un chuchotement soudain hors cadre suffit à faire sursauter. Les jumpscares sont ainsi faciles, mais fonctionnent dans ce contexte qui demande une concentration totale pour percevoir ce qu'il se passe et se dit. Avec un design visuel et sonore aussi réussi, Skinamarink aurait pu être absolument terrifiant, s'il s'y passait quelque chose pendant 1h40, en dehors des flashs et bruits surprenants, et de quelques séquences étranges.