Depuis Les chasses du comte Zaroff, le sujet de la chasse à l’homme est un récurrent du cinéma. C’est le cas ici au travers d’un film jouissif mais pas pour autant vide de sens.
A croire que Craig Zobel avait tout deviné, puisqu'en exposant dans son métrage les idioties de deux classes américaines, à savoir une bien-pensance gauchiste contre une classe moyenne criant à la théorie du complot, il était loin d’imaginer que la crise approchante du Covid-19 viendrait lui donner raison.

Tout au long de cette heure trente parfaitement rythmée, deux camps sont donc représentés. D’une part les « déplorables », qui règlent la majorité de leurs problèmes en criant aux complots, qui après avoir trop criés au loup, se retrouvent traqués par une « élite », milliardaire. Ces derniers sont promoteurs de bonne conscience, représentant cette classe qui s’offusque à la moindre blague, et cherchent un peu comme dans un American Nightmare à purifier la société en se débarrassant de ceux qui ne prônent pas la bonne pensée.
Le film nous pose face à un constat. Il ne cherche à aucun moment à prendre parti pour un groupe, ni même à apporter une solution quelconque. D’ailleurs, les psychologies des personnages sont volontairement trop peu construites pour que le spectateur ne s’attache, et ce n'est pas du tout le but. L’objectif est de déshumaniser la personne afin de mettre en avant le groupe social au détriment de l’humain. En imageant ce concept à l’extrême via le concept de chasse, cela montre la nature absurde que peut avoir l’homme à vouloir s’identifier à un groupe pour assouvir son besoin d’appartenance.
D’ailleurs, le réalisateur s’amuse lors du premier acte à démonter (au sens propre comme au figuré) un par un chacun des protagonistes qui semblaient parfaitement calibrés à tenir le rôle principal. Finalement alors que l’on s’attend à un nouveau retournement, la caméra décide de suivre « Boule de Neige » qui d’apparence totalement normale, s’avère être une bad girl, parfaitement interprétée par Betty Gilpin, qui va nous offrir notamment une scène finale de combat indoor qui n’est pas sans rappeler certaines scènes de Kill Bill. Cette anti-héroïne ne dévoile rien de son passé, excepté son expérience militaire qui peut expliquer ses traumatismes autant que sa capacité à mettre des high kick. C’est ici que le film prend toute sa part d’ironie à mon sens, puisque Crystal est en réalité une erreur de casting, elle n’est ni d’un groupe ni de l’autre, mais finit par être prise à partie à tel point qu'elle en fait un combat personnel.
Le film saura ravir les amateurs du cinéma de genre, grâce aux scènes gores qui naissent des nombreux pièges mis en place par les chasseurs. Le double empalement ou encore la scène de la voiture ne viendront pas décevoir les amateurs d’hémoglobine et d’ultra violence.
Teinté d’humour, The Hunt touche à un sujet qui n’a surement jamais été autant d’actualité, et qui s’accentue d’année en année au travers des réseaux sociaux. En restant léger tout du long, le film propose un parfait divertissement et pousse au questionnement sans tomber dans des lourdeurs moralisatrices qui auraient pu faire défaut au film.

Bramard
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le 15 juin 2020

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